Suisse-Regard

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Après les attentats, l'eau sous très haute surveillance à Paris

Le Parisien.fr

 

Le 20-11-2015

Politique Internationale

 

Par Marie-Anne Gairaud

 

Spécial Attentats.  Pour détecter une éventuelle attaque du réseau d'eau de Paris par des armes chimiques, sa sécurité est renforcée. La quantité de chlore dans l'eau est notamment augmentée pour mieux détecter toute anomalie.

L'eau du robinet des Parisiens serait-elle une cible potentielle en cas d'attaque chimique ou bactériologique ? En tout cas, la menace est prise très au sérieux chez Eau de Paris, la société publique qui coordonne pour la Ville de Paris la production, le stockage et la distribution d'eau potable auprès des 3 millions d'usagers de la capitale.

 

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Selon nos informations, Eau de Paris a augmenté le niveau de protection en passant d'alerte attentat à état d'urgence depuis samedi.

Désormais, l'accès des sites de l'entreprise est limité au strict nécessaire. Seul le personnel de service est autorisé à rentrer sur les lieux et à contrôler systématiquement. « Nos huit responsables sécurité, seuls à être accrédités par le ministère de la Défense, sont en lien permanent avec la cellule terrorisme de la préfecture de police », indique-t-on chez Eau de Paris.

Un jour de consommation d'avance en cas de problème

Six sites d'importance vitale implantés dans la capitale (des lieux de stockage notamment) sont étroitement surveillés. Ils sont clôturés et protégés. Mais en plus, des capteurs installés tout autour signalent la moindre intrusion. « Ces capteurs sont relayés au centre de contrôle, et, en cas d'alerte, une équipe de police est envoyée immédiatement sur place », indique Célia Blauel, adjointe à la mairie de Paris et présidente d'Eau de Paris.

Pour limiter tout risque de contamination, le réseau Eau de Paris fonctionne avec cinq lieux différents d'approvisionnement. A l'approche de la COP21, la vigilance a en plus été renforcée sur le réseau de distribution par l'addition de chlore. « L'eau est toujours un peu chlorée par souci d'hygiène, mais là, la dose injectée a été augmentée », indique Célia Blauel. Le chlore est un marqueur. Ajouté à la sortie de l'usine de production, il permettra de vérifier à la sortie du réseau de distribution qu'il n'y a pas d'anomalie. « Lorsque le niveau de chlore baisse, c'est qu'il y a contamination bactériologique », précise la présidente d'Eau de Paris. Le niveau de chlore est contrôlé tout au long du réseau. « Cela nous permet -- si besoin -- de pouvoir isoler très précisément le secteur touché sans interrompre tout le réseau », ajoute-t-elle. « Les contrôles sont faits de façon continue actuellement », précise-t-on par ailleurs à l'Hôtel de Ville.

En cas de contamination, la procédure consisterait à isoler le secteur touché et à n'approvisionner que la liste d'abonnés prioritaires d'Eau de Paris : hôpitaux, centres de secours... « Nous produisons chaque jour un million de mètres cubes d'eau potable, et la consommation quotidienne est de 478000 m3. Nous avons donc toujours un jour de consommation d'avance », précise Célia Blauel. « Mais de toute façon, les installations parisiennes sont extrêmement sûres », assure la responsable.

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La menace chimique prise au sérieux

Les armes chimiques et biologiques peuvent-elles être utilisées par Daech en France ? Le Premier ministre, Manuel Valls, a évoqué cette hypothèse dans son discours, jeudi devant l'Assemblée nationale, sur la prolongation de l'état d'urgence : « Il ne faut aujourd'hui rien exclure. Je le dis bien sûr avec toutes les précautions qui s'imposent, mais nous savons et nous l'avons à l'esprit. Il peut y avoir aussi le risque d'armes chimiques ou bactériologiques. » Pour autant, « il n'y a pas d'informations nouvelles, juste un constat réaliste », explique-t-on dans son entourage. Certains spécialistes du terrorisme estiment que Daech a pu mettre la main sur des stocks d'armes chimiques de l'armée régulière d'Assad. Mais ils affirment aussi que ces armes bactériologiques ou chimiques sont très difficiles à transporter et à utiliser.

La France n'a pas été la cible d'attaques terroristes aux armes chimiques ces dernières années. Fin 2001, après le 11 septembre 2001, une vague d'enveloppes contenant de la poudre blanche censée être de l'anthrax (une substance très toxique) avait semé la psychose pendant plusieurs jours. Le seul projet sérieux d'attentat au poison en France a été déjoué en 2002. En décembre, une cellule de neuf islamistes appartenant à une mystérieuse filière tchétchène a été démantelée en Seine-Saint-Denis, à La Courneuve et à Romainville. Un produit très dangereux, la ricine, avait été découvert lors d'une perquisition. Au Japon, en 1995, la secte Aum avait tué 15 personnes et intoxiqué 6 500 voyageurs dans le métro de Tokyo avec du gaz sarin.
M.P. et S.R.


 



20/11/2015
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