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Inégalités : les "riches" moins riches, et les Français plus pauvres...

Le Point.fr

 

Le 25-09-2015

Economie Internationale

 

 

Par Pierre Beylau

 

Les socialistes auraient réduit les inégalités, affirme un rapport de l'Insee. Un constat en trompe-l'oeil : ils ont surtout manié la matraque fiscale.

Quand un Américain voit passer un compatriote dans une voiture de luxe, il imagine le jour où, fortune faite, il pourra se payer la même. Le Français, lui, ne rêve que d'une chose : le faire marcher. Ce constat a été fait jadis par l'excellent Pierre Daninos, immortel auteur un tantinet oublié des Carnets du major Thompson et d'Un certain M. Blot.

Il illustre la passion française pour l'égalité, notion qui figure d'ailleurs dans l'ambitieuse trilogie de notre devise nationale. En l'occurrence une référence à l'égalité devant la loi, mais il semble que certains se soient ingéniés à en pervertir le sens.

Ainsi, un récent rapport de l'Insee a été exploité à satiété et avec une bonne dose de mauvaise foi pour démontrer que, durant l'année 2013, les inégalités avaient baissé dans notre beau pays. Cocorico, jouez hautbois, résonnez musettes ! "Avec la gauche, les inégalités diminuent", claironne le PS en s'emparant goulûment de cette divine surprise statistique.

 

Il serait préférable d'enrichir tout le monde

Un constat qui vient à point nommé pour caresser dans le sens du poil la gauche du parti, de plus en plus indocile. Et apporter une preuve éclatante que le PS n'a nullement perdu sa vocation à redistribuer les richesses, à défaut d'être capable d'en créer.

En fait, les 10 % de Français les plus pauvres auraient vu leur niveau de vie croître, alors que celui des 10 % les plus riches a été raboté. Évidemment, un esprit simple pourrait penser qu'il eût été préférable d'enrichir tout le monde. Que les riches s'enrichissent un peu et les pauvres, beaucoup plus. Ainsi, la réduction des inégalités se serait inscrite dans un processus dynamique et non dans une gestion comptable de la pénurie.

À regarder de plus près, l'appauvrissement des 10 % les plus riches a été plus important (- 1,8 %) que l'enrichissement des 10 % les plus pauvres (+ 1,1 %). Surtout, cette microscopique réduction des inégalités est essentiellement due au matraquage fiscal des riches.

 

Des "riches" à 3 000 euros par mois

Mais, au fait, qui sont ces fameux "riches" ? Eh bien, cher lecteur, sachez que si vous gagnez mensuellement plus de 3 000 euros (précisément 37 200 euros par an), vous avez l'insigne honneur d'appartenir à cette catégorie enviée et honnie des "riches", scientifiquement déterminée par les statisticiens de l'Insee… On peut donc vous tondre à loisir.

Pour mesurer ces phénomènes, il existe, parmi une myriade d'autres, un instrument baptisé indice de Gini. Il s'agit d'un indicateur synthétique d'inégalités des salaires, revenus, niveau de vie. Son échelle va de 0 (égalité parfaite) à 1 (inégalité extrême). Donc plus on va vers 0, plus on progresse vers l'égalité ; plus on s'approche de 1, plus on glisse vers l'inégalité. En 2012, le taux de Gini de la France était de 0,305 et celui du Royaume-Uni, de 0,351. Problème :  l'inégalitaire Albion avait, en 2012, un taux de chômage inférieur de 2 points à celui de la France (7,8 contre 10,6), et aujourd'hui l'écart s'est encore creusé : plus de 10 % de chômeurs en France, 5,5 % au Royaume-Uni.

Cherchez l'erreur…



26/09/2015
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