Suisse-Regard

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La presse mondiale solidaire avec les manifestations dans l'Hexagone

Courrier international

 

12 janvier 2015

Politique Internationale

 

La rédaction

 

Au lendemain de la marche historique dans les grandes villes de France, tour d'horizon des réactions de la presse étrangère.Bas du formulaire

 

Etats-Unis. L’absence.
“Barack Obama n’est pas Charlie, en tout cas, il ne l’était pas ce week-end”, c’est par ces mots que le site Internet américain Politico souligne l’absence du président américain à la grande marche du 11 janvier à Paris. “Pas la peine de chercher les visages du président ou du vice-président au milieu des 44 chefs d’Etat et de gouvernement rassemblés dans la capitale française, note le site d’information, ils n’étaient pas non plus à la marche organisée par l’ambassade de France à Washington. Et même le ministre de la justice, Eric Holder, qui était pourtant à Paris s’est abstenu”, conclut Politico. Le quotidien local New York Daily News y consacre même sa une : “Obama, Biden, Kerry… vous avez laissé tomber le monde”. Pour ce tabloïd de gauche, il s’agit d’une absence honteuse. “[Il n’était] pas à Paris, pas aux Etats-Unis, pas [du côté] du monde assiégé.”

Monde arabe. Sursaut musulman.
L’éditorial du site panarabe Shaffaf oppose les condamnations hypocrites des religieux sunnites et chiites à la présence des musulmans de France à la manifestation. Ce qui est nouveau pour “la participation massive et inattendue des Français d’origine arabe et africaine à la manifestation contre le terrorisme… Nous avons vu de nos propres yeux une solidarité des musulmans avec les Juifs dont quatre sont tombés victimes d’un terroriste fou au supermarché casher. Les musulmans n’ont pas manifesté cette fois-ci comme une communauté à part contre la police, contre Israël ou pour une cause arabe ou musulmane, ils ont manifesté comme des citoyens français ayant des droits et des devoirs, pour la défense de la république et ont entonné la Marseillaise, comme tous les autres citoyens. Il serait peut-être précoce de parler d’un sursaut musulman en Europe. Mais ce qui s’est passé mérite qu’on y prête attention.”

Israël. Coup de couteau.

“En encourageant l’émigration de masse, les politiciens israéliens pourraient très bien aider les fanatiques à finir le travail entamé par le régime nazi et ses collaborateurs de Vichy : faire de la France une terre débarrassée de ses Juifs”, estime Ha’Aretz dans une réaction à l’appel de Benyamin Nétanyahou aux Juifs de France de partir pour Israël. Par ailleurs, “c’est un coup de couteau évident dans le dos d’une démocratie sœur, assiégée, alors qu’elle est en situation de besoin désespéré”, poursuit le quotidien. “D’une main, Israël sort des platitudes sur la solidarité avec la France mais, de l’autre, le message sous-jacent est clair : soit Paris ne veut pas, soit Paris est incapable de juguler la terreur islamiste et antisémite qui la menace.” Pour Haaretz, il est évident qu’“Israël n’a aucun intérêt à promouvoir l’éradication de la présence deux fois millénaires des Juifs en Europe.”

Allemagne. La France écrit l’Histoire.
“Les Français ont prouvé au monde entier que, lorsque le danger menace, ils sont là, peu importe leur couleur de peau, leur religion et le parti politique pour lequel ils votent”, commente le quotidien économique Handelsblatt. En manifestant par millions, ils “ont écrit l’Histoire”. Et nous sommes avec eux, dit en substance le tabloïd Bild, qui revient sur le “geste qui restera pour l’éternité” : celui d’une Angela Merkel, yeux fermés, penchée sur l’épaule de François Hollande dans un instant de compassion profonde, “un geste qui montre ce que l’Allemagne ressent quand la France pleure”.

Italie. Le défi d’une génération.

“Celle-ci est leur guerre. Une longue guerre, dans laquelle ils devront combattre avec intelligence, patience et fermeté”. “Ils”, ce sont “les nouveaux Européens” nés ce 11 janvier 2015, écrit l’éditorialiste Beppe Severgnini (58 ans) dans le Corriere della Sera. “Nous avons vu une ville entière, représentant un pays, un continent, le monde libre dire : ‘Ça suffit’.

” Pour la génération Erasmus, l’Europe est synonyme de voyage, d’études. “Une génération à qui il manquait une grande épreuve. Elle est arrivée : désamorcer l’attaque du fondamentalisme.”

Royaume-Uni. Ségrégation.
Dans un éditorial intitulé “L’après”, The Times déplore que “l’égalité française [soit] une chimère” et appelle la France à combattre la ségrégation ethnique et la radicalisation des jeunes musulmans. “La France ne peut pas se permettre de continuer à nier les ruptures sociales qui menacent son tissu social.” Selon le journal, “cette semaine de tragédie doit être un tournant pour abandonner les vœux pieux au profit d’une approche plus réaliste d’inclusion sociale”. The Times rappelle que “la majorité des musulmans français habitent des cités défavorisées, une ségrégation de facto négligée”.

Belgique. Risques.
Attention aux risques de l’après-attentats, au nombre de deux selon le quotidien Le Soir. Attention “aux béatitudes. Ils étaient nombreux dans la rue, mais il y en avait aussi d’autres qui n’y étaient pas, opposés à un collectif multiculturel, ayant perdu toute capacité à croire à un destin collectif.” Attention aussi “aux simplismes. Il sera plus facile d’accoucher d’armées en mouvement, de lois qui répriment, de murs. Alors que la force de la journée de [dimanche] réside dans ce nous dont il faut accepter la complexité et pour lequel il faut travailler afin de lui donner vie.”

Tunisie. Et maintenant ?
“J’ai participé à la marche républicaine au milieu d’une marée humaine”, écrit Rachid Barnat sur le site tunisien Kapitalis. “La composition de ce cortège émouvant montrait bien la diversité du peuple et son unité dans la défense de ces valeurs”, poursuit Barnat avant de souligner, concernant la présence de certains dirigeants de pays arabes : “Puisse ces chefs d’Etat indignes prendre une leçon de démocratie et de liberté auprès des Français.” Maintenant, les débats reprendront et les divisions politiques aussi, “mais la France devrait cesser de soutenir la thèse erronée d’un islamisme modéré, contrôler ce qui se dit dans les mosquées et se pencher sur le financement et la formation de certains imams pour mettre un terme au prosélytisme pour le wahhabisme des pétromonarques”.

Burkina Faso. Ne pas oublier Boko Haram.
L’Observateur Paalga avertit : “Le tout n’est pas de marcher, il faut agir.” Et le quotidien rappelle qu’après l’enlèvement des 200 lycéennes de Chibok, le 21 avril 2014, “une véritable coalition planétaire semblait s’être formée à grand renfort de publicité sur la toile et de promesses de moyens militaires pour barrer la route à Abubakar Shekau [le leader de Boko Haram]. Et puis, plus rien. Tant et si bien que la pieuvre, inexorablement, étend ses tentacules au-delà des frontières de l’Etat fédéral pour menacer le Cameroun, le Tchad et le Niger, prenant ainsi petit à petit les contours d’un Etat islamique.” (lire aussi p. 5)

Turquie. Polémique
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“Avant son départ pour Paris, le Premier ministre Ahmet Davutoglu a parlé de la nécessité de s’opposer à l’islamophobie” écrit Radikal. “Le président Hollande avait toutefois adopté une position exemplaire en la matière en qualifiant les agresseurs de ‘terroristes français’ et non pas de ‘terroristes musulmans’, mais Davutoglu s’est tout de même senti obligé d’évoquer ce sujet. Quoi qu’il en soit, sa présence à Paris était importante, pas seulement parce qu’il a été le premier leader d’un pays musulman à annoncer sa participation, mais parce que la Turquie est encore un membre important de l’alliance occidentale. Quoi de plus normal dans ces conditions qu’il participe à une marche contre le terrorisme.”

Hong Kong. Continuer.

Certes, les discours racistes ou incitant à la haine doivent être condamnés, estime un chroniqueur du South China Morning Post le 12 janvier. Mais quid du droit à ne pas être assassiné pour avoir exprimé son point de vue ? L’attentat de Paris n’a pas empêché les journalistes et humoristes de continuer à parler, de même que, “lorsque le gouvernement de Hong Kong a essayé de faire taire l’opposition en enlevant des banderoles jaunes géantes demandant le suffrage universel”, le jaune a fleuri dans toute la ville. Le même jour, des cocktails Molotov ont été lancés contre l’immeuble du NextMedia Group, dont fait partie l’Apple Daily, et au domicile de son propriétaire Jimmy Lai. Le quotidien, très critique envers Pékin et le gouvernement de Hong Kong, avait pris position pour le mouvement Occupy.

 

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13/01/2015
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