Suisse-Regard

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Le franc suisse enfin au bord du fléchissement

Le Temps.ch

 

mercredi 29 juillet 2015

 

La Chronique des Changes

John J. Hardy

 

Les marchés ont commencé la semaine avec un franc suisse au plus bas par rapport à l’euro, avec une paire supérieure à 1,0654 mardi, une situation inédite depuis le 12 mars dernier. Si le marché a été plutôt lent à réagir à l’annonce du dernier «accord» conclu entre la Grèce et ses créanciers, il s’agit pourtant bien là du facteur déterminant à l’origine de cette tendance, avec toutefois un léger décalage dans le temps. En effet, la reprise de la paire euro/franc suisse ne s’est véritablement produite que la semaine dernière, soit une semaine complète après que la nouvelle ait été annoncée.

Mais cela a également été le cas pour deux autres paires en euro. Face à ce constat, la principale raison de la hausse de l’euro pourrait donc en fait annoncer le retour du pessimisme quant à la croissance mondiale. Un pessimisme qui interviendrait dans un contexte marqué par des préoccupations grandissantes concernant l’économie chinoise et la chute des prix des matières premières qui ont vu le marché se replier sur les positions courtes du marché émergent et les monnaies liées aux matières premières. Un marché qui reste en outre sceptique quant aux signaux toujours forts de la Réserve Fédérale américaine sur la hausse des taux d’intérêt alors que les prix des matières premières sont toujours aussi bas. Il semble alors évident que l’euro est devenu l’envers de la médaille de l’optimisme mondial. Un euro qui s’est non seulement renforcé face au franc la semaine dernière, mais également face au dollar australien indexé sur les matières premières, le taux de change euro/dollar australien étant, à la clôture, à son plus haut niveau pour 2015. En d’autres termes, les fluctuations euro-franc semblent pour l’instant dépendre bien plus de la solidité de l’euro que de l’importance de la vente du franc.

Et alors que la baisse des rendements des obligations qui s’étend dans toute l’Union européenne (UE) est un bon signe de son intégrité et peut-être une sorte de condition préalable à toute autre hausse de l’euro par rapport au franc, le marché ne va pas commencer à vendre du franc de façon massive – que ce soit contre l’euro ou d’autres devises – tant que nous n’aurons pas de perspectives plus favorables à la croissance mondiale, aux marchés boursiers et à la hausse des rendements des obligations mondiales tout au long de la courbe des rendements. Dans ce schéma, les États-Unis doivent être le chef de file de cette évolution, la reprise américaine devant accélérer la cadence.

Un autre soutien aux rendements pourrait venir d’une Réserve Fédérale (Fed) ayant une position plus ferme bien qu’il soit possible que nous observions demain quelques développements du fait de la nouvelle déclaration politique du Federal Open Market Committee de la Fed. Sans ces développements, le franc restera plus ou moins embourbé, à moins que la Banque nationale suisse n’accepte d’adopter une nouvelle politique audacieuse pour forcer le franc à la baisse. Il semble toutefois s’être écoulé encore trop peu de temps depuis la débâcle du 15 janvier pour prévoir une quelconque réaction de la part de Thomas Jordan et de son entourage.

 

* Analyste et stratège en devises auprès de Saxo Bank

 



01/08/2015
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