Suisse-Regard

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Le magazine qui connaît un tirage exceptionnel est fidèle à la tradition grivoise et irrévérencieuse de l'hebdomadaire. Non sans émotion.

Le Point

 

Publié le 13/01/2015 à 13:51

Je suis Charlie

 

Le Point.fr avec AFP

 

La une du nouveau numéro de "Charlie Hebdo", publié après l'attentat du 7 janvier. © Charlie Hebdo

Derrière la une montrant Mahomet en larmes, Charlie Hebdo rend hommage aux morts de l'équipe, et n'oublie pas de se moquer des djihadistes et terroristes de tous poils. Seule la une, signée Luz, représente Mahomet. Un Mahomet qui "est Charlie" sous ces mots : "Tout est pardonné." En dernière page, un autre dessin de Luz montre des terroristes islamistes arrivant au paradis et qui demandent, déçus : "Elles sont où, les 70 vierges ?" "Avec l'équipe de Charlie, tocard" se voient-ils répondre. En double page, un grand dessin de Cabu, mort dans l'attentat, se moque des djihadistes en comparant leur départ pour la Syrie aux échanges Erasmus.

Le journal satirique publie aussi une série d'anciens dessins de Wolinski, Charb, Tignous et Honoré, et des textes de Bernard Maris et Elsa Cayat, tous tués dans l'attentat de mercredi.

Dans les pages intérieures, parmi les dizaines de dessins, deux vignettes de Riss, qui a été blessé dans l'attentat, montrent un dessinateur de Charlie et un terroriste avec une mitraillette qui tue plusieurs personnes, sous cette légende : "Dessinateur à Charlie Hebdo, c'est 25 ans de boulot, terroriste, c'est 25 secondes de boulot - Terroriste, un métier de feignant et de branleur."

Également des éditos et des articles, dont l'un intitulé "Les charognards du complot", de Jean-Yves Camus, une tribune d'Antonio Fischetti titrée "Même pas morts" et une chronique de l'urgentiste Patrick Pelloux intitulée "Je, tu, il, nous, vous, ils, suis Charlie", sans oublier une ancienne chronique de l'économiste Bernard Maris, "Quand Charlie avait 20 ans", et des références au correcteur Mustapha Ourrad, lui aussi tué mercredi.

 

Drapeau et libido en berne

La dessinatrice de Charlie Hebdo Corinne Rey, dite "Coco", publie un dessin légendé "J'écris ton nom, liberté", qui rend hommage aux manifestants de dimanche. Sur une double page, un dessin de la manifestation, avec la mention, goguenarde, "11 janvier, plus de monde pour Charlie que pour la messe". Luz encore croque "les plus et les moins" des manifestations de dimanche : dans les "plus", le soutien de Madonna, dans les "moins", "serrer la main de Manuel Valls" et aussi, plus grivois, "drapeau en berne, libido en berne".

Un dessin de Catherine Meurisse montre "une séance avec la psy de Charlie" où un homme cagoulé sur un divan confie "j'ai rêvé que je tuais Charlie Hebdo", et une ancienne chronique de la psychologue tuée dans l'attentat, Elsa Cayat, défend "la capacité de s'aimer".

"Depuis une semaine, Charlie, journal athée, accomplit plus de miracles que tous les saints et prophètes réunis", commente Gérard Biard en première page du journal. Observant l'élan de solidarité mondial envers l'hebdomadaire, il s'interroge sur la durabilité et la sincérité de cet élan. "Est-ce qu'on va enfin faire disparaître du vocabulaire politique et intellectuel le sale mot de laïcard intégriste ? Est-ce qu'on va enfin arrêter d'inventer de savantes circonvolutions sémantiques pour qualifier pareillement les assassins et leurs victimes ?" Et de conclure, dans la plus pure tradition Charlie : "Ce qui nous a le plus fait rire, c'est que les cloches de Notre-Dame ont sonné en notre honneur. (...) Nous voudrions envoyer un message au pape François, qui, lui aussi, "est Charlie" cette semaine : nous n'acceptons que les cloches de Notre-Dame sonnent en notre honneur que lorsque ce sont les Femen qui les font tinter."

 



14/01/2015
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