Migrants. Course contre la montre sur les routes des Balkans
Courrier International
Publié le 16/09/2015 - 10:28
Politique Internationale
Par Alexandre Lévy
Repoussés par la Hongrie, les candidats à l’exil cherchent frénétiquement des parcours alternatifs pour continuer leur route vers le nord de l’Europe. Et tous les regards se tournent désormais vers la Croatie.
La fermeture de la frontière entre la Serbie et la Hongrie, décidée unilatéralement par Budapest, a provoqué une réaction en chaîne sur les différents parcours empruntés par les migrants pour gagner l’Europe de l’Ouest. Déjà, plusieurs jours avant le 15 septembre, la rumeur avait couru qu’il fallait presser le pas. Les médias avaient observé une agitation particulière autour de la ville d’Edirne, en Turquie, devenue un véritable hub pour la traversée des Balkans.
Des centaines de migrants y ont afflué afin de tenter de traverser la frontière avec la Grèce ou la Bulgarie, rapporte le quotidien bulgare Dnevnik, publiant de nombreuses vidéos postées par des utilisateurs turcs de YouTube. Puis les autorités d’Ankara ont décidé d’interrompre le trafic par bus entre Istanbul et Edirne, provoquant immédiatement une ruée à pied sur les routes du pays.
“Avec l’opération contre les passeurs en Méditerranée, la Bulgarie redevient un pays de transit”, a analysé le spécialiste du monde arabe Vladimir Tchoukov, cité par le quotidien 24 Tchassa, de Sofia. En attendant, des centaines – et bientôt des milliers – de candidats à l’exil campent dans la gare routière d’Istanbul, espérant pouvoir monter dans un bus vers l’ouest.
Dans le piège serbe
Avec la clôture hongroise, le piège s’est également refermé sur ceux qui s’étaient rendus en Serbie – un pays qui, jusqu’à présent, n’avait rien fait pour arrêter les migrants sur leur route vers l’Allemagne et la Suède.
Le jour où la Hongrie a barré la route aux migrants
Que faire ? Afin de court-circuiter toute velléité de pénétrer sur leur territoire via la Roumanie, les Hongrois ont annoncé tambour battant qu’ils commençaient la construction d’un nouveau “mur” le long de la frontière roumaine. “La nouvelle route passe désormais par la Croatie”, annonce le quotidien populaire Blic, de Belgrade, publiant les photos d’autocars affrétés par les autorités serbes en direction de la ville frontalière de Sid. Un trajet qu’il vaut mieux, effectivement, effectuer en bus à cause des nombreux champs de mines, héritage des guerres yougoslaves, qui bordent la frontière entre la Serbie et la Croatie, rappelle le quotidien Jutarnji List, de Zagreb, publiant les cartes de la région.
“Des milliers de personnes vont rester bloquées sur les routes des Balkans”, pronostique encore l’hebdomadaire Kapital, de Sofia, une perspective de plus en plus sombre avec l’arrivée des pluies automnales – puis de l’hiver.
Ralentir mais pas arrêter
Quelque 200 000 personnes ont transité par la Hongrie depuis le début de l’année, selon les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Citée par le quotidien Dnevnik, une de ses responsables a confirmé le changement d’itinéraire des migrants après la décision des autorités magyares de fermer la frontière, en précisant que cette mesure allait tout au plus “ralentir” leur marche vers l’eldorado occidental. “Ils trouveront des parcours alternatifs, comme ils l’ont toujours fait”, a-t-elle précisé. Au péril de leur vie.
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