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Qui publie et qui ne publie pas la une du nouveau "Charlie"

Courrier International

 

14-01-15

Je suis Charlie

 

La caricature de Mahomet en une de Charlie Hebdo le 14 janvier met la presse étrangère face à un dilemme : faut-il republier un dessin qui peut offenser les musulmans ?

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La une du numéro de Charlie hebdo publié le 14 janvier fait réagir partout dans le monde et pose une question épineuse pour les journaux étrangers : faut-il reproduire le dessin de couverture, une caricature de Mahomet versant une larme et tenant une pancarte “Je suis Charlie” ? “Le choix de republier l’image touche au cœur du débat sur ce qui relève de la liberté d’expression ou bien d’images gratuites que certains lecteurs trouveront offensantes”, écrit The New York Times dans un article sur le sujet.

Le quotidien a lui-même choisi de ne pas reproduire la une, se contentant de fournir un lien sur son site. “Nous ne publions pas d’habitude d’images ou d’autres contenus visant délibérément à heurter des sensibilités religieuses”, avance le directeur de la rédaction, Dean Baquet, qui avait déjà préféré ne pas publier les dessins de Charlie Hebdo après l’attentat du 7 janvier. Un choix critiqué comme pusillanime par certains.

D’autres titres américains ont choisi une approche différente : The Washington Post a reproduit la couverture après avoir publié une caricature de Mahomet dans ses pages. Le site Buzzfeed, qui a lui-même publié des dessins, critique la décision de plusieurs médias de “censurer” les caricatures, notamment le New York Daily News et le britannique The Daily Telegraph, qui ont flouté ou coupé des unes de Charlie Hebdo.

En première page dans certains titres allemands

En Allemagne, le quotidien de la gauche alternative Die Tageszeitung et l’ancien journal communiste Neues Deutschland ont fait le choix de reproduire à la une la première page du nouveau Charlie Hebdo. On le retrouve également en couverture de certains quotidiens régionaux comme la Saarbrücker Zeitung.

Les grands quotidiens ont préféré, eux, titrer sur le rassemblement à Berlin contre le mouvement anti-islam à Dresde et en hommage aux victimes des attentats de Paris, où se sont retrouvées le 13 janvier les plus hautes autorités politiques et religieuses du pays et quelque 10 000 personnes. Le tabloïd Bild, lui, a réservé sa quatrième de couverture à la une du journal satirique.

Une double dans El País

Dès mardi, le journal espagnol La Razón publiait en couverture la nouvelle une de Charlie Hebdo, choix étonnant pour ce quotidien très conservateur. C’est souvent de façon plus discrète – à l’intérieur de leurs pages ou sur leur site – que les autres quotidiens ibériques ont reproduit cette nouvelle caricature du Prophète, ainsi que d’autres dessins de Charlie Hebdo.

El País a pour sa part publié en pages 2 et 3 la double page centrale du Charlie Hebdo "des survivants", en version espagnole. "Le lecteur aura peut-être du mal à comprendre", justifie le quotidien. "Mais même si le style de Charlie Hebdo ne coïncide en rien avec notre ligne éditoriale, nous défendons son droit à exister en toute liberté."

Distribué avec un quotidien italien

Dans la plupart des villes italiennes, Charlie Hebdo était distribué le 14 janvier, en français, avec le quotidien Il Fatto Quotidiano. "Nous le faisons d'abord par solidarité avec les victimes de Charlie Hebdo, a expliqué Antonio Padellaro, le directeur d'Il Fatto Quotidiano, mais aussi pour réaffirmer notre défense absolue de la liberté de la presse." Au départ, le directeur d'Il Fatto Quotidiano n’était pas favorable au fait de participer à la publication de Charlie Hebdo mais il aurait cédé sous la pression des journalistes de sa rédaction, rapporte le Huffington Post en Italie. Selon Antonio Padellaro, ce numéro de mercredi n'a rien d'offensant.

"Dans le passé, certains dessins ont pu offenser la sensibilité de certains lecteurs – et pas seulement musulmans. En tant que directeur d'Il Fatto Quotidiano, je ne les aurais pas publiés", a-t-il concédé. Depuis hier soir, la sécurité des locaux du quotidien, à Rome, a été renforcée. Une porte blindée a été installée et une patrouille surveille les entrées.

Ceux qui craignent pour leur sécurité

La question de la sécurité fait partie du débat. Stephan Pollard, directeur du quotidien juif britannique The Jewish Chronicle, s'est exprimé, sur Twitter, contre la publication des dessins. "C'est facile d'attaquer les journaux qui ne les publient pas. Moi je me dis : tous les principes dans lesquels je crois m'incitent à les publier. Mais de quel droit vais-je mettre en danger la vie de mes employés uniquement pour prendre position ?" rapporte The Washington Post.

Même décision de la part du Jyllands-Posten, le quotidien danois dont les dessins du Prophète, en 2005, lui avaient valu la colère du monde musulman. L'ancien responsable des pages culture du journal a indiqué que le Jyllands-Posten avait décidé de ne pas publier la nouvelle caricature par crainte d'être de nouveau pris pour cible, rapporte The New York Times. Il juge pourtant impératif de ne pas céder aux islamistes radicaux.

 

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15/01/2015
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