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S’y retrouver dans la jungle de l’uni

Le Temps.ch

 

Publié le 11-10-2015

Jeunesse

 

Par Skjellaug Aina

 

Chaque année depuis dix ans, Delphine Rinaldi vient en aide à près de 500 universitaires

 

Ah, les années étudiantes… Des débats passionnés, ce sentiment de liberté, les amitiés naissantes, le houblon bon marché, les heures de cours passées à rêvasser et les nuits de travail angoissées éclairées aux néons des bibliothèques. Pour éviter que le manque de contraintes nuise à la productivité et au succès des étudiants, l’Université de Genève propose un service de soutien à l’apprentissage. Avec des suivis individuels et des ateliers de gestion du temps, de prise de notes, de motivation, mémorisation et concentration, une équipe de professionnels aide les étudiants à se repérer dans le monde académique. Docteure en sciences de l’éducation, Delphine Rinaldi a fait évoluer ce projet depuis dix ans. «Lorsqu’on arrive à l’université, on peut vite se sentir un numéro dans une immense industrie, décrit-elle. Qu’on vienne ou non en classe, cela ne va pas perturber les professeurs.»

 

Apprendre la motivation

Arriver aux cours en étant armé, c’est l’un des leitmotivs de ces ateliers de métacognition. Prendre quelques heures au début du semestre pour apprendre à utiliser des logiciels comme XMind ou OneNote, savoir préparer ses cours et identifier les informations pertinentes permet à l’étudiant de mettre toutes les chances de son côté. On lui proposera par la suite des techniques de concentration, de mémorisation à long terme pour l’aider dans ses révisions. Courant novembre, lorsque la pêche baisse dans les auditoires, Delphine Rinaldi propose un atelier de motivation. «On apprend à l’étudiant à se fixer des petits objectifs dans ses études en lui rappelant aussi pourquoi il a choisi cette voie et ce vers quoi il tend.»Cible principale de ces mesures de soutien: les étudiants en première année de Bachelor; 10% d’entre eux en profitent, les cours étant facultatifs. Mais n’importe quel universitaire peut venir demander de l’aide. «Des entretiens individuels sont proposés. Nous ne sommes pas des psychologues, mais généralement cela se termine en grand déballage… C’est peut-être d’autant plus facile pour eux que je n’ai justement pas cette casquette de psy.» A Genève, 40 à 45% des universitaires ratent leur première année. Un taux qui atteint 55% en Faculté de droit et explose en médecine, où 400 des 600 étudiants ne passeront pas en seconde. «Le cas de la médecine est difficile pour nous. Notre programme s’appelle «Réussir ses études», nous donnons des clés aux étudiants pour qu’ils passent leur année et faisons systématiquement face à de très bons élèves qui ont appliqué nos méthodes et échouent en raison des quotas de la faculté.»

 

Enquête incognito

Pour être au plus près des problèmes d’apprentissage, Delphine Rinaldi s’installe incognito dans un auditoire et se fait passer pour une étudiante. A côté d’elle, un garçon d’une petite vingtaine d’années a ouvert un document Word sur son ordinateur, y a inscrit l’intitulé du cours, suivi de quatre mots clés, puis a décroché pour se plonger dans Facebook. «Il y a plusieurs années, on prenait systématiquement le parti des professeurs lors de l’échec de l’étudiant. Mais en suivant des cours, on s’est aperçu que le manque d’interaction dans les auditoires ou le manque de pédagogie du prof étaient également à revoir.» Depuis, un soutien à l’enseignement a été lancé. Plus de cinquante ateliers permettent aux professeurs qui le souhaitent de se tenir informés des dernières techniques didactiques, comme Votamatic, une application qui permet de faire voter l’auditoire sur smartphone. Des accompagnements personnalisés sont également offerts. 

 



12/10/2015
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