Vrais et faux débats
Le Temps.ch
Le 22-09-2015
Politique Internationale
Par Fréderic Koller
Editorial
Les barbelés ferment les frontières de l’Europe, les marchandages pour offrir quelques places d’asile se font interminables, les faux problèmes sont toujours ramenés au-devant de la scène intellectuelle et politique... A quand une conférence internationale sur le partage des réfugiés?
Le spectacle d’une Europe qui se recroqueville sur ses frontières, à l’aide de barbelés, est particulièrement pénible. Cette crise provoquée par l’afflux de réfugiés touche au cœur du projet européen, de son histoire et de ses valeurs. Il ne s’agit pas d’une simple question de solidarité – comme dans le cas de la crise grecque – mais de ce qui fonde notre humanisme, à savoir l’accueil des personnes en danger qui frappent à notre porte. En 2015, n’en sommes-nous plus capables?
Ce n’est pas la première fois que l’Europe est confrontée à une telle situation migratoire. Mais aujourd’hui, face aux milliers de personnes qui tentent chaque jour de gagner son territoire, l’Europe se déchire en d’interminables marchandages, souvent indignes, pour offrir quelques places d’asile. Rappelons ces chiffres livrés par Jean-Claude Juncker: les 500 000 réfugiés qui ont pris le chemin de l’Europe représentent 0,1% de la population du continent. Au Liban, 25% de la population est désormais composée de réfugiés issus du conflit syrien.
Il ne s’agit pas de nier les problèmes d’un tel accueil. Mais s’il y a des questions légitimes sur les défis d’une intégration et ses limites (sécurité, emploi, peurs identitaires, stabilité nationale), il est urgent d’écarter les faux problèmes. Ainsi, la question du tri entre migrants économiques et «vrais» réfugiés devient caduque dès lors qu’on est confronté à une population fuyant un pays en guerre depuis bientôt cinq ans. Sur ce point, l’Allemagne a donné l’exemple.
Il est tout aussi détestable de voir des politiciens ou des intellectuels questionner la validité du droit des réfugiés comme si le monde de 2015 n’était plus capable d’assumer ses responsabilités envers les victimes de répressions politiques, comme le stipule la Convention de Genève depuis 1951. Loin d’être dépassé, ce droit-là reste bien universel. Il s’est adapté à l’évolution du monde et de ses conflits.
L’Europe peut ouvrir davantage ses portes. Elle en a le devoir, la capacité et le besoin en regard de sa démographie. On pourrait ajouter qu’elle n’est pas la seule région du monde qui devrait assumer cette tâche. A quand une conférence internationale sur le partage des réfugiés?
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