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Le Point.fr

Publié le 21/09/2015

Politique Internationale

 Par Frédéric Therin (à Munich)

Certains craignaient le pire ! La capitale de la Bavière reçoit un flot ininterrompu de migrants. Mais sa traditionnelle Wiesn n'a pas été perturbée.

Les 1 000 cœurs en pain d'épice se vendent très bien. Au lieu des messages un peu mièvres habituellement écrits en sucre sur ces Lebkuchen, un seul mot séduit les buveurs : « Toleranz ». Le commerçant a ainsi voulu rappeler aux visiteurs que Munich vivait actuellement une période un peu particulière de son histoire. Le produit de la vente de ces biscuits sera d'ailleurs intégralement reversé à l'association catholique Caritas qui est très active pour venir en aide aux demandeurs d'asile qui continuent à chercher refuge en Allemagne. Ce stand est bien un des seuls qui montre que la 182e édition de la Fête de la bière, qui s'est ouverte samedi et qui se terminera le 4 octobre, n'est pas un « cru » habituel.

À moins d'un kilomètre de la Theresienwiese, cet ancien pré aujourd'hui recouvert de bitume qui abrite depuis 1810 cette quinzaine bien arrosée qui célèbre le mariage de la princesse Therese von Sachsen-Hildburghausen et du prince de Bavière Ludwig, des centaines de migrants continuent d'arriver chaque jour par train à la gare centrale. Pour éviter que les fêtards à la tête lourde et à l'haleine chargée ne croisent près des voies de chemin de fer des Syriens ou des Afghans musulmans et peu portés sur l'alcool, les forces de l'ordre ont, encore une fois, fait les choses comme il faut. Les demandeurs d'asile sont en effet conduits à la sortie nord de la Hauptbahnhof où les attendent des dizaines de volontaires ainsi que les bus qui les amèneront dans des centres d'accueil éparpillés aux quatre coins de l'Allemagne. Les deux millions de personnes qui arriveront par chemin de fer pour écluser des Maß de 1 litre sous les tentes géantes de l'Oktoberfest sont, elles, priées de passer par la sortie sud de la gare. De là, une marche d'une vingtaine de minutes à l'aller, qui peut prendre une bonne heure au retour quand la « Helles » commence à faire son effet, conduit les curieux et les habitués à la Wiesn, l'autre nom de la Fête de la bière. La prudence de la police n'a pas empêché certaines rencontres... Un journaliste du Merkur a ainsi découvert un groupe de cinq jeunes Allemands qui offraient des bières à quatre Syriens. Incapable d'ouvrir sa bouteille avec son briquet, un Bavarois originaire du Haut-Palatinat près de la frontière tchèque s'est vu donner un coup de main par un réfugié originaire de Kobané qui a fait sauter la capsule avec ses... dents.

Plus de 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires !

Certains critiques avaient demandé l'annulation de la fête la plus populaire de la planète qui réunit 6,3 millions de personnes en deux semaines à peine. Voir une foule compacte habillée de culottes de peau et de robes aux bustiers pigeonnants risquait de heurter la sensibilité de familles revenues d'une longue et périlleuse traversée de l'Europe pour échapper à la guerre sur leurs terres natales. Mais Munich a tenu bon. Les traditions ont en effet la vie dure en Bavière et ce festival unique au monde rapporte plus de 1 milliard d'euros à la capitale du Land le plus riche d'Allemagne. La Wiesn a donc débuté samedi à 12 heures tapantes comme à l'accoutumée par l'ouverture du premier tonneau de bière par le maire de la ville. Cette année, Dieter Reiter a réalisé une jolie performance reconnue par les « amateurs » en ayant besoin de seulement deux coups de maillets pour enfoncer un robinet dans le fût en bois. Les docteurs n'ont, quant à eux, eu à attendre qu'une heure et vingt minutes pour soigner leur premier coma éthylique. D'autres suivront sans aucun doute... Samedi et dimanche, près de 1 million de litres de bière ont en effet été bus. La tolérance n'empêche pas de se rafraîchir...