Suisse-Regard

Le Temps.ch

Le 27-10-2015

Economie Internationale

Par Richard Werly

Avec 27 000 chômeurs en moins en septembre, la France rêve d’une éclaircie sur le front du marché de l’emploi. Problème: les nuages qui bouchent l’horizon restent très lourds

Myriam El Khomri peut commencer à espérer. La nouvelle ministre française du Travail, nommée le 2 septembre dernier pour remplacer François Rebsamen redevenu maire de Dijon, craignait d’avoir chaque mois à égrener les mauvaises nouvelles sur le front de l’emploi en France. Coup de chance: sa première annonce, lundi, est celle d’une éclaircie.

Avec 0,7% de chômeurs en moins pour la catégorie A (personnes sans activité) en septembre, soit 23 800 personnes, la baisse mensuelle est la plus significative depuis 2011, et confirme une tendance notée sur les quatre derniers mois. Le gouvernement socialiste est encore toutefois très loin de pouvoir crier victoire: toutes catégories confondues, le taux de chômage français s’établit à 10,3% de la population active, avec 3 810 400 personnes sans activité en septembre (5 727 000 si l’on ajoute les personnes à activité réduite). Un chiffre qui, si l’on tient compte des spécificités statistiques, est à l’unisson des 11% de chômage en moyenne dans les pays membres de la zone euro.

La question, très politique, de «l’inversion de la courbe du chômage», dont François Hollande a fait la clef de sa décision ou non de se représenter en 2017, reste par conséquent toujours posée. Si la tendance à la baisse paraît se confirmer, liée à la très timide reprise de l’activité économique (la croissance du PIB devrait atteindre 1,1% en 2015), le défi démographique et la question de l’inadéquation de l’offre par rapport à la demande d’emplois demeurent des abcès douloureux. Chaque année, la France enregistre environ 700 000 départs à la retraite contre 850 000 arrivées de jeunes sur le marché du travail. Et même si 14 accords viennent d’être signés dans 50 branches professionnelles pour rendre les conditions d’emploi plus flexibles, les rigidités du marché du travail français restent problématiques.

Le rapport rendu en septembre par Jean-Denis Combrexelle, qui préconise l’accroissement des négociations par branches et par entreprises entre patrons et employés, va prendre du temps à être mis en œuvre, même si la ministre du Travail devrait faire ses premières propositions la semaine prochaine. Les blocages actuels, symbolisés par les images chocs des dirigeants d’Air France agressés en comité d’entreprise le 5 octobre, ont été confirmés lors de la conférence sociale du 19 octobre présidée à Paris par François Hollande. Le chef de l’Etat français avait alors, parmi les partenaires sociaux, une chaise vide devant lui: celle du puissant syndicat CGT proche du Parti communiste et hostile aux tentatives actuelles d’assouplir la législation sociale pour donner de l’oxygène aux employeurs.

Pour confirmer cette baisse du chômage, notamment parmi les jeunes, le gouvernement français s’est fixé deux priorités. En premier lieu, l’augmentation des programmes d’apprentissage inspirés entre autres du modèle helvétique, dont François Hollande avait loué les mérites lors de sa visite d’Etat en Suisse en avril 2015. Puis, l’accent mis sur les start-up et le secteur des nouvelles technologies. Un forum franco-allemand du numérique aura lieu pour la première fois ce mardi à l’Elysée, pour tenter de rapprocher les entreprises des deux pays dans ce secteur cher au ministre de l’économie Emmanuel Macron. Lequel prépare un second texte de loi d’inspiration sociale-libérale pour 2016.

La réputation de la France comme un pays de start-up devrait aussi revenir sur le devant de la scène en fin de semaine avec l’introduction en bourse du groupe hexagonal de déstockage en ligne showroomprivé.com ce vendredi. L’entreprise devrait être valorisée environ 900 millions d’euros.