Suisse-Regard

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En Suisse, les salaires des dirigeants ont augmenté de 4% l'an passé

Le Temps.ch

 

Le 1-10-2015

Economie Suisse

 

Par Stéphane Favre

 

Toujours élevés en 2014, les salaires des dirigeants des 206 plus grandes entreprises cotées à la Bourse suisse ont augmenté de 4% au regard de l'année précédente. La croissance s'est révélée inférieure à celle de l'indice élargi SPI de la bourse suisse (13%)

 

Les 2410 administrateurs et membres de la direction générale des 206 plus grandes entreprises cotées à la bourse suisse se sont partagés plus de 1,968 milliard de francs, ressort-il de l'étude annuelle de la Fondation Ethos sur les rémunérations des instances dirigeantes dévoilée jeudi à Zurich. Les 388 dirigeants des 20 entreprises composant l'indice des valeurs vedettes Swiss Market Index (SMI) ont eux touché plus de 824 millions, 1% de plus qu'en 2013.

De manière générale, la fondation genevoise, qui conseille et assume des mandats de gestion pour près de 200 caisses de pension, constate que les rémunérations ont évolué ces dix dernières années de manière identique à la valeur boursière des sociétés concernées. Toutefois, depuis 2012, le rythme de progression des salaires des dirigeants a ralenti, a noté Vincent Kaufmann, le directeur d'Ethos.

Alors que la pression a augmenté, avec le lancement de l'initiative Minder, puis son acceptation par le peuple et la mise en oeuvre de ses principes dans l'ordonnance sur les rémunérations abusives (ORAb), entrée en vigueur en janvier 2014, les excès ont diminué. Mais les rémunérations des dirigeants des grandes entreprises demeurent souvent très élevées, notamment en comparaison internationale.

 

Des améliorations

Bon signe, selon M. Kaufmann, le salaire moyen versé aux présidents du conseil d'administration des 20 sociétés du SMI a ainsi chuté l'an passé de 11% à 2,47 millions de francs. Il en est allé de même pour les autres membres de l'organe de surveillance, la rémunération moyenne s'établissant à quelque 383'000 francs (-4%).

Il n'en reste pas moins que 8 administrateurs ont gagné chacun plus de 4 millions de francs. Si la présence parmi ces derniers de Peter Brabeck, président du conseil d'administration du numéro un mondial de l'alimentation Nestlé ou d'Axel Weber, son homologue d'UBS, ne surprend guère, celle d'Etienne Jornod, président de Galenica ou Andreas Andreades, son confrère de Temenos, suscite la perplexité de Dominique Biedermann, le président d'Ethos.

"Ces rémunérations sont incompréhensibles", a-t-il souligné. Au sein des directions générales des 20 sociétés du SMI, la rémunération moyenne de leur président s'est elle inscrite en hausse de 6% à 8,22 millions de francs. Celle des 182 membres autres que le directeur général a progressé de 1% à 2,97 millions de francs.

Selon Ethos, les entreprises ont réalisé depuis 2008 des progrès significatifs dans la transparence de leurs rapports sur les rémunérations. Mais ces documents, très techniques et complexes, sont encore trop peu nombreux à fournir des explications quant au niveau des bonus versés en fonction de la performance de l'entreprise.

 

Mais un bilan mitigé

Evoquant les montants soumis avec l'ORAb au vote consultatif des actionnaires, la fondation genevoise observe que le quart des entreprises n'ont pas présenté de somme maximale. Au moment de l'attribution définitive, elles peuvent ainsi verser plus d'argent que demandé lors de l'assemblée générale, ce qui est contraire à l'esprit de l'initiative Minder.

M. Biedermann a regretté que seules 28% des sociétés aient procédé à un vote rétrospectif, soit en fin d'exercice, sur la rémunération. Toutes les autres entreprises ont opté pour un scrutin prospectif sur les bonus, soit sans connaître les résultats annuels. Face à ce véritable chèque en blanc, là aussi contraire à l'esprit de l'initiative Minder, Ethos soutient le projet de révision du droit de la société anonyme qui prévoit d'interdire cette pratique.

Au final, Ethos tire un bilan mitigé de la mise en oeuvre de l'ORAb, un nombre important d'entreprises ayant contourné l'esprit de l'initiative Minder. M. Biedermann a une nouvelle fois mentionné que près d'une société sur deux (44%) prévoit des clauses de non-concurrence payées, suite à l'interdiction des indemnités de départ.

L'étude relève aussi que la moitié des sociétés du SPI disposent d'un actionnaire de référence détenant plus de 33% des droits de vote. La plupart d'entre elles ont introduit une ou plusieurs mesures de protection permettant d’assurer le contrôle de l'entreprise avec une minorité du capital. Comme le démontre l'affaire Sika, ces possibilités de traitement inégal peuvent présenter un risque important pour les actionnaires minoritaires

 



02/10/2015
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