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Etats-Unis et Russie évoquent la présence de leurs avions respectifs dans le ciel syrien

Le Monde.fr

 

Le 19.09.2015

Politique internationale

 

Par Louis Imbert avec Reuters

 

Le ministre de la défense américain a appelé son homologue russe, vendredi 18 septembre, pour évoquer la situation en Syrie, où la Russie a augmenté brutalement ces dernières semaines sa présence militaire en soutien au régime Assad, et où elle a dépêché récemment des chasseurs, selon les autorités américaines.

 

Lire aussi : Poutine appelle à une alliance avec Assad contre l’Etat islamique

 

Washington affirme que ce déploiement l’a poussé à reprendre ces discussions à haut niveau politique, qui avaient été rompues après l’invasion russe de la Crimée en mars 2014. Il s’agirait d’éviter toute interaction entre des avions russes et ceux de la coalition internationale menée par les Etats-Unis contre l’organisation Etat islamique (EI), qui bombardent les djihadistes en Syrie. Une telle rencontre dans les airs risquerait de déclencher une escalade que ni l’un ni l’autre pays ne désire.

Les avions américains évitent déjà dans cet espace aérien, depuis le début de leur intervention en septembre 2014, ceux de l’armée syrienne qui bombardent indistinctement cibles militaires et civiles, guidés par des opérateurs radars russes.

Ces discussions au niveau ministériel reflétaient une rupture dans l’approche de l’administration Obama, qui semble avoir été prise de court par la montée en puissance russe. La semaine dernière, M. Obama condamnait encore une escalade russe « vouée à l’échec ».

 

Voir : une carte des positions russes en Syrie par l’Institut for the study of war (en anglais)

 

Une base russe majeure en développement à Lattaquié

Selon les estimations des États-Unis, le déploiement russe en Syrie comprend, outre les chasseurs, des hélicoptères d’attaque Mil Mi-24 (Hind selon la classification de l’OTAN) et de transport de troupe Mi-8 (Hip), de l’artillerie ainsi que 500 hommes de l’infanterie de marine sur une base aérienne en développement rapide proche du port de Lattaquié, cœur du pays alaouite, la base démographique du régime Assad dont les rebelles s’approchent. Selon un responsable américain qui s’exprimait sous le sceau de l’anonymat, quatre chasseurs russes tactiques Soukhoï Su-27 ont été envoyés en Syrie. Un autre responsable américain a refusé de donner un chiffre mais a confirmé la présence de plusieurs avions.

Ces discussions d’ordre militaire s’inscrivent dans un cadre diplomatique plus large, a signifié vendredi à Londres le secrétaire d’Etat américain, John Kerry. « Le président pense qu’une conversation sur le plan militaire est un pas important (...), cela aidera à définir certaines de nos différentes options » a-t-il déclaré, en soulignant la nécessité de trouver un « terrain d’entente » avec la Russie afin de parvenir à un accord politique en Syrie et de mettre fin aux souffrances de la population.

Le ministre de la défense américain a ainsi déclaré à son homologue russe, selon le Pentagone, que les futures consultations auraient lieu parallèlement avec « des discussions diplomatiques qui permettront une transition politique en Syrie ».

 

Attentisme américain, agressivité russe

Les Etats-Unis ont, au fil de cette guerre civile, mené une politique d’endiguement, soutenant des groupes d’opposition sans leur permettre de s’imposer, et condamnant le régime Assad tout en craignant les forces qui pourraient le remplacer.

La Russie, allié qui se présente comme indéfectible du régime Assad, mène depuis la fin de l’été d’importants efforts diplomatiques pour rendre crédible son projet de coalition internationale contre l’EI, qui incluerait son allié syrien, en difficulté militaire depuis l’été. Dans le même temps, les chancelleries occidentales sondent Moscou pour savoir si la Russie serait prête à laisser s’engager un processus de transition politique en Syrie qui incluerait Bachar Al-Assad au départ et s’achèverait sans lui. Le président américain, Barack Obama, a longtemps soutenu que le départ de Bachar Al-Assad était un prérequis à toute négociation. Mais M. Kerry a récemment ouvert la possibilité, en une concession apparente à Moscou, que M. Assad reste au pouvoir à court terme.

Le Kremlin n’a pour l’heure donné aucun signe public qu’il pourrait ainsi abandonner son allié, dont le régime héberge sa dernière présence militaire permanente dans la région. Vladimir Poutine doit prononcer un discours devant l’Assemblée générale des Nations unies le 28 septembre. En août, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté à l’unanimité son soutien à un plan de paix préparé par l’émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura.

 

Lire aussi l'éditorial du "Monde" : Syrie : le drôle de jeu de M. Poutine

 

 



20/09/2015
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