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Migrants. Angela Merkel, guide morale de l'Europe

Courrier International

 

Le 2-09-2015

Politique international

 

Par Carole Lyon

 

En Europe comme ailleurs, la presse salue l’attitude responsable et exemplaire de la chancelière allemande face à la crise des réfugiés, dans une Europe encline aux réactions populistes et au repli.

“Un cri fait vaciller les équilibres de l’Europe, écrit le Corriere della Sera. ‘Germany, Germany !’ C’est un hurlement plus qu’un slogan, qu’entonnent à pleins poumons les migrants bloqués en Hongrie alors qu’ils tentaient de rejoindre le sol allemand.”

S’ils ont choisi l’Allemagne pour destination, ce n’est pas uniquement pour sa taille et sa prospérité, explique le quotidien de Milan, “mais surtout parce qu’elle incarne, avec ses limites, un modèle de gouvernance, d’intégration, de responsabilité, de société organisée”. Et la nouveauté, “c’est que Berlin accepte finalement cette réalité et que, ce faisant, il élève le niveau auquel toute l’UE doit se mesurer”.

 

800 000 migrants en 2015 : l’Allemagne à l’épreuve des réfugiés

 

Cette analyse, le journal l’appuie sur la nouvelle attitude affichée par la chancelière. Connue pour sa fermeté, elle s’est distinguée ces derniers jours par des déclarations en faveur de la solidarité, par une visite dans un camp de réfugiés, l’allocation de nouveaux moyens à l’accueil et son engagement à ne plus expulser les réfugiés syriens vers leur point d’entrée dans l’UE (ce que préconise le règlement de Dublin). “Merkel est une politicienne prudente, qui attend le bon moment pour agir”, commente le magazine brésilien Veja. Néanmoins, “elle veut occuper le centre du débat et sait que c’est à elle qu’il revient de construire une politique migratoire commune en Europe”.

 

Un nouveau type de leadership

“Une fois de plus, l’Allemagne se retrouve au centre d’un drame européen, constate le New York Times. Elle y est obligée – ou condamnée – par sa taille et sa prospérité, ainsi que par le manque de leadership de Bruxelles et des autres Etats de l’Union européenne”. Le quotidien portuguais Publico se demande lui aussi s’il faut attribuer “au mérite de Merkel ou au démérite des autres” le fait que ce soit à nouveau elle qui prenne les choses en main.

 

Merkel maître du jeu européen

 

Si Angela Merkel avait déjà mené la barque dans la gestion européenne des dossiers grec et ukrainien, cette fois, le défi est d’une toute autre difficulté, estime cependant le Corriere, qui décèle “un leadership d’un genre nouveau”, un “acte de responsabilité” de la chancelière. 

 

Réticent, mais obligé

Pour autant, prendre la direction de l’Europe ne va pas de soi, rappelle le New York Times, qui souligne “l’anxiété de Berlin, forgée par l’histoire du siècle dernier, de paraître arrogant, dictatorial et insensible”. Mais l’Allemagne s’y est résolue. “Et le reste de l’Europe devrait en prendre note”, complète le Corriere. “Le cri de ‘Germany, Germany’ est sans doute désagréable aux oreilles de certains, mais le monde l’a entendu”.

 

Drame des migrants retrouvés morts : l’échec de la forteresse Europe

 

Un peu de leadership, enfin !” se réjouit l’éditorial du Guardian, qui conclut : “Les sommets européens des semaines à venir se débattront avec tous les détails pratiques” d’une vision nouvelle et à long terme de l’asile. L’essentiel, c’est que “Mme Merkel a envoyé un signal opportun” et “a rappelé à l’Europe qu’elle a été construite sur des valeurs”.

 



02/09/2015
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