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Etats-Unis : vague républicaine au Congrès américain

Le Point.fr

 

Publié le 05/11/2014

Politique étrangère  

 

De notre correspondante à Washington, Hélène Vissiere

 

Les républicains ont remporté mardi les élections de mi-mandat aux États-Unis, prenant le contrôle du Sénat et confirmant leur majorité à la Chambre des représentants.

 

Nancy Pelosi, la leader démocrate de la Chambre, l'avait prédit d'un air morose en début de soirée : ce sera "une nuit difficile". Mais relativement courte. À 23 h 30, on annonçait que la Caroline du Sud, un des États-clés, siège d'une bataille épique, était tombée dans l'escarcelle républicaine, donnant sans surprise aux républicains la majorité au Sénat, huit ans après l'avoir perdue. Ils conservent aussi leur majorité à la Chambre des représentants, et la confortent même. Une victoire sans appel après une campagne qui aura coûté quelque quatre milliards de dollars. Un record.

Il n'est pas inhabituel pour le parti du président de perdre des sièges aux élections de mi-mandat. En 2006, les républicains s'étaient fait laminer au Sénat à la suite d'une vague de mécontentement contre le président Bush. Cette fois, les électeurs ont sanctionné Barack Obama. Les sondages à la sortie des urnes ont mis en évidence une grosse grogne et un malaise à l'égard de l'administration mais aussi des crises multiples, l'État islamique, Ebola et surtout la situation économique. Qu'importe si l'économie se porte mieux, si le taux de chômage est au plus bas depuis six ans, si dix millions d'Américains bénéficient d'une assurance santé...

 

Candidats "présentables"

Les démocrates ont pâti aussi du départ d'un certain nombre de sénateurs. Un peu plus tôt dans la journée, le président, dans une émission radio, avait confié que la situation délicate de son parti était surtout due au fait que le Sénat était renouvelé par tiers et que, cette année, les sièges en jeu étaient dans les pires États possible pour les démocrates "depuis Eisenhower", des coins traditionnellement conservateurs comme l'Arkansas, le Montana, le Dakota du Sud...

Les républicains ont su non seulement habilement capitaliser sur le mécontentement, mais aussi choisir des candidats plus "présentables", contrairement aux extrémistes des scrutins précédents, et ils ont rattrapé leur retard sur les démocrates en matière de technologie pour mobiliser leurs troupes qui étaient, de toute façon, beaucoup plus motivées pour se rendre aux urnes. Ils ont donc remporté plus que les six sièges dont ils avaient besoin au Sénat, dont deux dans des Swing States, ces États qui, selon les années, basculent à gauche ou à droite, le Colorado et la Caroline du Nord.

 

L'arme du veto

Maigre consolation, les démocrates ont gardé le New Hampshire et la Virginie, mais, dans ce dernier, au terme d'un scrutin très serré. On ne connaîtra l'ampleur de la défaite démocrate que le mois prochain, puisque la Louisiane doit organiser un second tour du fait qu'aucun des candidats n'a obtenu la majorité. À la Chambre, les républicains ont gagné au moins dix sièges supplémentaires en détrônant certains représentants démocrates de longue date. Ils ont aussi réussi à faire réélire des gouverneurs très controversés en Floride, dans le Michigan et dans le Wisconsin et ont fait tomber Pat Quinn, le gouverneur démocrate de l'Illinois, l'État d'Obama.

C'est incontestablement une grosse victoire pour le Parti républicain, même si les Américains dans l'ensemble ont boudé cette élection, écoeurés par les coups bas et l'incapacité des deux partis à gouverner. Selon le Pew Research Center, 15 % seulement des Américains ont suivi la campagne électorale de près, en baisse de dix points par rapport à 2010.

Cette cohabitation va compliquer la tâche de Barack Obama, qui va devoir probablement faire des concessions. Mais cela ne devrait pas changer grand-chose à la paralysie de Washington. Le Parti républicain reste plus divisé que jamais et son aile conservatrice va sans doute continuer à faire de l'obstruction systématique en bloquant notamment toutes les réformes et en essayant d'éliminer celles déjà votées, dont Obamacare. Mais Barack Obama garde une arme cruciale, le droit de veto, que pour l'instant il a très peu utilisée. La veille des élections, Mitch McConnell, le futur leader républicain au Sénat, promettait lors d'un énième meeting électoral qu'il allait démanteler toutes les réformes d'Obama. "Il faut stopper à tout prix ces gens-là et ça commence demain soir", a-t-il clamé.

                       



06/11/2014
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