Migrants. Après l'accueil, la méfiance
Courrier International.com
Publié le 22-10-2015
Politique International
Par Courrier International - Paris
Une jeune réfugiée à la frontière entre l’Autriche et la Slovénie le 22 octobre 2015.
Photo : René Gomolj : AFP
Après avoir ouvert leurs frontières aux migrants, la Suède et l’Allemagne montrent désormais un visage moins accueillant, comme le prouve la multiplication des attaques contre les centres d’accueil. Et en Pologne, un ex-Premier ministre les a carrément accusés de répandre le choléra et la dysenterie.
Le temps de l’accueil à bras ouverts est révolu. Dans plusieurs pays européens, l’arrivée des réfugiés a réveillé les sentiments nationalistes – en premier lieu en Allemagne, principal pays d’accueil. La Süddeutsche Zeitung (SZ) révèle ce jeudi 22 octobre que les autorités s’attendent à une montée en puissance des violences contre les migrants. Alors que plus de 500 attaques ont été recensées cette année contre des centres d’accueil, “il faut s’attendre à ce que la scène d’extrême droite accentue son ‘agitation’ contre la politique d’asile”, rapporte la SZ, citant l’Office fédéral de la police criminelle (BKA).
“Le spectre des extrémistes de droite, habituellement très hétérogène, trouve ici un consensus idéologique”, explique le BKA, qui avait réalisé son analyse avant même la tentative d’assassinat menée contre la candidate à la mairie de Cologne.
Les réseaux sociaux, terreau de la xénophobie
L’essayiste et blogueur Sascha Lobo a pointé du doigt Internet et les réseaux sociaux comme terrain favorable aux idées xénophobes. Dans une chronique publiée par Der Spiegel, il souligne notamment les lacunes de Facebook en matière de censure des commentaires incitant à la haine.
Il fait un parallèle entre la mobilisation sur les réseaux sociaux lors des “printemps arabes” et celle qu’on observe actuellement en Allemagne : “Un printemps sombre menace, un printemps allemand brun et violent, attisé et encouragé par les opinions postées sur les réseaux sociaux.”
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Autre pays prisé par les candidats à l’asile, la Suède connaît elle aussi une vague de violence contre les migrants. Depuis le mois de juin, douze centres d’accueil ont été incendiés. Alors que le pays a déjà accueilli en 2015 environ 100 000 réfugiés, soit plus qu’aucun autre pays rapporté à sa population (la Suède compte près de 10 millions d’habitants), les autorités évoquent le chiffre de 190 000 personnes pour toute l’année.
C’est dans ce contexte que Stockholm réfléchit à la possible restauration du contrôle aux frontières, relate le quotidien danois Politiken. Le journal estime que cette mesure serait légitime : “La Suède assume depuis longtemps sa responsabilité. L’évolution de la situation en Suède doit nous rappeler que des solutions européennes communes sont nécessaires.”
L’opposition à l’accueil des migrants s’est même immiscée dans la campagne pour les élections législatives en Pologne. A quelques jours du scrutin, dimanche 25 octobre, l’ex-Premier ministre Jaroslaw Kaczynski a prononcé un discours fustigeant la décision du gouvernement polonais d’accueillir 10 000 réfugiés, qui feraient ainsi entrer dans le pays le choléra, la dysenterie et les parasites, rapporte la Frankfurter Allgemeine Zeitung.
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