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Pour les migrants, un no man’s land entre la Hongrie, la Slovénie, la Croatie et l’Autriche

Le Monde.fr

 

Le 19.09.2015

Politique internationale

 

Par Le Monde.fr avec AFP

 

Des milliers de migrants, cherchant à gagner l’Europe de l’Ouest et du Nord, restaient bloqués, samedi 19 septembre, dans une sorte de no man’s land, entre la Croatie, la Hongrie et la Slovénie.

L’évolution de la crise migratoire dans les Balkans de l’Ouest, et notamment des routes empruntées par les hommes, femmes et enfants fuyants en grande partie les guerres et la répression dans leurs pays (selon l’ONU, 80 % des personnes qui empruntent cette route viennent de Syrie, d’Afghanistan et d’Irak), risque de compliquer encore plus la situation, sur le plan humain mais aussi politique.

Les dirigeants des Vingt-Huit se retrouvent la semaine prochaine pour tenter à nouveau d’obtenir un accord pour la répartition obligatoire de 120 000 réfugiés, après avoir déjà accepté la répartition de 40 000 personnes se trouvant en Italie et en Grèce. Ils avaient échoué à prendre une décision unanime lors d’une première réunion le 14 septembre.

 

  • Une Croatie      « saturée » envoie les migrants vers la Hongrie

Au point de passage de Tovarnik, côté croate. LOULOU D'AKI POUR "LE MONDE"

Le gouvernement croate a fait machine arrière en fin de semaine, après avoir ouvert, dans un premier temps, ses frontières aux milliers de personnes bloquées en Serbie. La première étape a été la fermeture de sept des huit passages de sa frontière avec la Serbie. Puis le gouvernement a dit que le pays avait atteint son point de saturation, avec l’arrivée de plus de 20 700 personnes depuis mercredi.

S’ils laissent passer les migrants au compte-gouttes depuis la Serbie, ils les envoient désormais directement en autocars et en train vers la frontière hongroise, malgré l’absence d’accords en ce sens avec la Hongrie. Le premier ministre croate, Zoran Milanovic, a expliqué cette décision ainsi :

« Il n’y a pas eu d’accord avec la Hongrie. Nous les avons en quelque sorte contraints d’accepter les réfugiés, en les envoyant [à la frontière] et nous allons continuer à le faire. (…) La Croatie ne deviendra pas le centre de réfugiés de l’Europe. »

 

Lire le reportage : La Croatie, cul-de-sac des candidats à l’asile dans l’Union européenne

 

  • La Hongrie, furieuse, achemine      les migrants vers l’Autriche

Les Hongrois, qui ont barricadé leur frontière avec la Serbie et menacent de faire de même avec celles en Roumanie et en Croatie, sont furieux de cette décision unilatérale. « Quel genre de solidarité européenne est-ce là ?, a demandé le chef de la diplomatie, Peter Szijjarto. Nous défendrons les frontières de l’Union européenne, les frontières de l’espace Schengen et nous défendrons la Hongrie dans le respect des règles européennes. »

Malgré la fermeture de la quasi-totalité de ses frontières au sud et à l’ouest, près de 8 000 personnes sont revenues vers la Hongrie, samedi, après avoir été repoussées de Croatie. La présence de milliers de militaires hongrois, et le fait qu’un état d’urgence est en vigueur, a empêché les débordements. Forcés à accueillir des milliers de personnes, les Hongrois les ont rapidement acheminés vers l’Autriche.

 

Lire le reportage : Hongrie : une « atmosphère de guerre » contre les migrants

 

  • La Slovénie ouvre      ses frontières à ceux qui veulent se rendre en Autriche

Conséquence de la politique volatile de ses deux voisins, c’est la Slovénie qui devient, par défaut, la destination des milliers de personnes bloquées dans la région. Le pays s’est dit prêt à accueillir « jusqu’à 10 000 » réfugiés si ceux-ci lui présentent une demande d’asile.

Le gouvernement tentait difficilement, samedi, de canaliser les flots de migrants arrivant par centaines de Croatie qui espéraient notamment l’ouverture du poste frontière d’Harmica, où des incidents ont eu lieu avec la police la veille.

Le ministère de l’intérieur slovène souligne cependant que la situation est calme, et que la plupart des personnes qui traversent sa frontière sont incitées à continuer leur chemin vers l’Autriche. Le premier ministre Miro Cerar a réaffirmé que son pays restait engagé à remplir ses devoirs en tant que membre de l’espace de libre circulation européen Schengen.

 

  • L’Autriche enregistre près de      7 000 arrivées, dont beaucoup visent l’Allemagne

Dans la seule journée de samedi, l’Autriche, où les contrôles aux frontières sont à nouveau en vigueur, a enregistré l’arrivée de près de 7 000 migrants et réfugiés en provenance de Hongrie, et d’une centaine en provenance de Slovénie.

Ils ont été transportés par autocar vers différents centres d’enregistrement et d’accueil du pays. Selon la police autrichienne, beaucoup d’entre eux cherchent désormais à rejoindre l’Allemagne, qui a également réautorisé les contrôlés à ses frontières. L’Allemagne s’attend à recevoir entre 800 000 et un million de demandes d’asile cette année.

Craignant une situation incontrôlable, le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, a répété que ni son pays, ni l’Europe ne « pouvons pas accueillir tous les gens qui fuient les zones de conflit ou la pauvreté » et appelé à la création d’« une voie légale d’immigration ». Si la situation semblait calme à Munich, où commence samedi l’Oktoberfest, de nouveaux incidents impliquant des manifestants néonazis ont eu lieu près des centres de réfugiés à Bischofswerda, près de Dresde.

 



20/09/2015
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