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Emmanuel Macron se dit choqué par la retraite-chapeau du P-DG de GDF Suez. Mais le pouvoir n'a rien fait pour l'empêcher et préfère supprimer les bourses au mérite.

Le Point.fr

 

Publié le 27/10/2014

Entreprise

 

Par Sophie Coignard (Le monde de Sophie)

 

D'un côté, il y a les effets d'annonce, les grandes déclarations, les postures avantageuses : l'aide aux plus défavorisés, le plafonnement de la rémunération des dirigeants d'entreprise publique, la réduction des inégalités... De l'autre, il y a la réalité, sur laquelle nos éminences ne veulent pas ou ne peuvent pas avoir la moindre prise. Quelques jours après que le Conseil d'État a cassé la décision gouvernementale de supprimer les bourses au mérite versées aux étudiants d'origine modeste qui affichent des résultats excellents - 15 millions d'euros -, Le Canard enchaîné révèle le montant pharaonique - 21 millions d'euros - de la retraite-chapeau attribuée à Gérard Mestrallet, P-DG de GDF Suez.

 

Le groupe a démenti mollement, expliquant que l'intéressé toucherait un peu plus de 830 000 euros de retraite complémentaire par an à partir de 2016. Ce qui n'est pas contradictoire avec le chiffre global de 21 millions, si l'on consulte les documents de référence du groupe : la provision passée pour les retraites complémentaires à fin 2012 s'élève à 103 millions d'euros pour 25 membres du comité exécutif. Vu l'ancienneté - 30 ans - et la rémunération - 3 millions par an - de Gérard Mestrallet, la somme de 21 millions provisionnée rien que pour lui est plausible.

  

L'État aveugle, sourd et... impotent

 

Le hic, c'est que l'État est le principal actionnaire de GDF Suez, avec 36,7 % du capital. Ses représentants siègent donc au conseil d'administration, où ils ont leur mot à dire.

 

Emmanuel Macron, le ministre de l'Économie, s'est indigné de ce montant, en prenant soin de préciser que ces avantages avaient été accordés en 2011, et que les représentants de l'État au conseil d'administration avaient voté pour. Très bien. Mais c'était il y a près de trois ans. Et à l'époque, la rémunération des patrons d'entreprise publique n'était pas plafonnée. Le ministère de l'Économie, sous la houlette d'Arnaud Montebourg puis d'Emmanuel Macron, aurait pu s'intéresser aux participations de l'État, et peser de tout son poids - important - pour faire adopter des pratiques de rémunérations en tous genres des dirigeants conformes à son discours.

 

Mais il n'a rien fait. Pourtant, avec un petit effort, il pourrait trouver une retraite-chapeau à plus de vingt millions chaque année. Et financer ainsi les bourses au mérite qu'il s'entête à vouloir supprimer.

 



28/10/2014
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