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Le « mardi noir » de Volkswagen, symbole du made in Germany

Les Echos.fr

 

Le 23-09-2015

Economie Internationale

 

Par Maxime Amiot et Julien Dupont-Calbo

                        

Volkswagen va passer une provision de 6,5 milliards pour son troisième trimestre fiscal pour couvrir les coûts de l’affaire. - « Les Echos »

 

Le trucage des tests antipollution concerne finalement 11 millions de véhicules dans le monde. Une pluie d’enquêtes vise désormais le groupe, qui a chuté mardi de plus de 19 % en Bourse.

La maison Volkswagen brûle, et le monde la regarde ahuri. Effondrement boursier, trucage devenu mondialisé, avertissement sur résultats, enquêtes pénales et autres « class actions », excuses bafouillées… Le géant de l’automobile européenne a connu son « mardi noir », confronté à de multiples incendies. Dans un communiqué diffusé en fin de matinée, le constructeur a avoué que le logiciel qui truquait les tests antipollution n’était pas installé sur 500.000 voitures aux Etats-Unis, mais sur 11 millions de véhicules dans le monde. L’équivalent d’une année de ventes pour la firme de Wolsfburg (Basse-Saxe). Un chiffrage qui laisse penser que de nombreux véhicules concernés roulent en Europe, principal marché du diesel.

 

Excuses sur Internet

« Je m’excuse profondément auprès de nos clients, des autorités et de l’opinion publique pour cette faute », a répété Martin Winter­korn, le président du directoire de Volkswagen, dans une sobre allocution vidéo diffusée sur Internet. « On a totalement merdé », a tranché plus directement Michael Horn, le patron de la filiale américaine, d’où est parti le scandale. Les faits sont là : Volkswagen a avoué avoir manipulé les tests d’émission de polluants entre 2008 et 2014 aux Etats-Unis, au moyen du programme informatique gérant le moteur .

 

A lire : DOSSIER Volkswagen : les clefs du scandale

 

Pris au piège, Volkswagen va passer une provision de 6,5 milliards pour son troisième trimestre fiscal et a indiqué que ses objectifs annuels 2015 seraient revus. Un cocktail qui a fait dégringoler le cours du constructeur allemand de 19,82 % à la Bourse de Francfort. En deux jours, VW a donc perdu 25 milliards d’euros de capitalisation boursière, plus du double de celle de PSA… Il n’en fallait pas plus pour que le cas personnel de Martin Winterkorn revienne sur le devant de la scène, le journal « Tagesspiegel » n’hésitant pas à annoncer le départ du patron allemand. « Ridicule », répond-on chez le constructeur.

 

Péché par ignorance ?

La question reste pourtant entière : Martin Winterkorn pouvait-il ne pas être au courant de ces pratiques – sachant que l’homme a la réputation de se mettre à quatre pattes pour inspecter les voitures – ou a-t-il péché par ignorance ? Quoi qu’il en soit, son sort devrait être tranché très vite. Un conseil restreint du groupe devait se tenir mardi soir selon la presse allemande, en attendant une séance élargie vendredi en Basse-Saxe.

 

A lire : Les autres constructeurs dévissent aussi en Bourse

 

La pression est maximale. Après la déflagration, des enquêtes ont été ouvertes par les autorités un peu partout dans le monde. La Corée du Sud a été la première, suivie par l’Italie, l’Allemagne, la Suisse, puis la France. La ministre du Développement durable, Ségolène Royal, a annoncé mardi le lancement d’une « enquête approfondie » sur le sujet, tandis que le ministre des Finances, Michel Sapin, a demandé l’équivalent au niveau européen. Pour l’heure, la Commission reste prudente , jugeant « prématuré » l’établissement de mesures de surveillance immédiate en Europe.

 

La justice américaine accélère

Aux Etats-Unis, en revanche, la justice a encore accéléré . Le ministère américain de la Justice a bien ouvert une enquête pénale contre les dirigeants de Volkswagen. Ceux-ci encourent la peine de prison prévue pour les responsables de fausses déclarations et de fraudes aux contrôles par le Clean Air Act. A cela s’ajoute l’enquête de l’Agence fédérale de l’environnement (EPA), qui pourrait infliger une amende maximale de 18 milliards de dollars. « Last but not least », plusieurs « class action » ont été lancées, avec des plaintes déposées dans une vingtaine d’Etats américains.

Deux jours après la découverte du scandale, son ampleur exacte reste incertaine. Quelles sont les marques de Volkswagen et quels modèles sont concernés, dans quels pays ? Le constructeur allemand est-il un cas isolé dans l’industrie ? La technologie diesel actuelle est-elle aussi propre que les constructeurs le prétendent ? « A l’heure actuelle, je n’ai pas de réponses à toutes les questions […]. Nous allons tout faire pour regagner pas à pas votre confiance », a lancé, par vidéo interposée, un Martin Winterkorn secoué.

 

 



24/09/2015
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