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Six clés pour comprendre le scandale qui secoue Volkswagen

Le Monde.fr

 

Le 25.09.2015

Entreprise Internationale

 

Par Grégoire Orain

 

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Vous avez décidé de prendre des vacances en décalé et vous venez juste de rentrer ? Internet est tombé en panne et vous ne comprenez pas pourquoi votre entourage se met subitement à parler de Volkswagen ? Voici de quoi rattraper l’essentiel de ce scandale mondial, de cette fraude délibérée sur les niveaux d’émission polluante des véhicules diesels, qui a fait chuter la capitalisation boursière du constructeur allemand de 25 milliards d’euros entre lundi 21 et mardi 22 septembre 2015.

 

1. Quelle est l’origine du scandale ?

2. Qui a révélé la fraude du constructeur ?

3. Comment fonctionnent les tests antipollution ?

4. Comment Volkswagen a-t-il pu tromper ces tests ?

5. Quelles sont les conséquences pour le groupe ?

6. En France, l’avenir du diesel est-il remis en question ?

 

1. Quelle est l’origine du scandale ?

Le 20 septembre 2015, Volkswagen reconnaît avoir massivement trompé les contrôleurs aux Etats-Unis sur les niveaux d’émission polluante de ses véhicules diesel, et ce depuis 2009. Le constructeur admet avoir utilisé un logiciel interdit pour contourner la législation et faire baisser le niveau des émissions de ses véhicules.

Le montant de l’amende qui pèse sur le groupe allemand est théoriquement énorme : 18 milliards de dollars (16 milliards d’euros), à raison de 33 000 euros par véhicule vendu aux Etats-Unis depuis le début de la fraude, soit 482 000 véhicules. Sans compter les actions en justice qui pourraient être intentées par des groupes de particuliers, les class actions.

 

Lire aussi : Volkswagen secoué par des accusations de pollution aux Etats-Unis

 

Depuis, de nombreux pays ont déclaré qu’ils allaient de nouveau se pencher sur les émissions de l’ensemble des véhicules commercialisés par le groupe Volkswagen, qui comprend au total douze marques (Audi, Porsche, Seat, Skoda, Lamborghini, etc.). Outre les Etats-Unis, la Corée du Sud, l’Italie, la France, l’Allemagne et le Mexique ont annoncé qu’ils procédaient à une enquête.

Lire aussi : Moteurs truqués Volkswagen : la manipulation concernait aussi l’Europe

 

2. Qui a révélé la fraude du constructeur ?

C’est l’International Council for Clean Transportation, une organisation non gouvernementale spécialisée dans les transports propres, qui a décidé de tester les émissions de certaines voitures diesel. En mai 2014, elle publie un rapport qui montre que les niveaux émis par certains véhicules (la Jetta et la Passat) sont jusqu’à 35 fois supérieurs aux normes. L’ICCT décide d’alerter l’agence de l’environnement américaine (EPA) qui procède à ses propres tests avant d’envoyer une lettre de grief au constructeur allemand.

 

Lire aussi : Une ONG à l’origine du scandale Volkswagen

 

3. Comment fonctionnent les tests antipollution ?

Le scandale met en cause la pertinence, la fiabilité, le respect et le contrôle des normes des véhicules diesel. De plus en plus restrictifs, les seuils européens ne cessent pourtant d’évoluer. Mais les tests, mis en place en 1973, sont si bien connus des constructeurs que ces derniers ne cessent d’optimiser leurs véhicules pour leur permettre de limiter au maximum les émissions du moteur.

 

Lire aussi : Volkswagen : 4 questions sur les normes de pollution et les tests sur les véhicules diesel

 

4. Comment Volkswagen a-t-il pu contourner ces tests ?

Pour contourner les normes antipollution, Volkswagen a modifié son calculateur moteur, c’est-à-dire son « cerveau ». Ce dernier a été programmé pour réduire les émissions de gaz polluant du véhicule, mais uniquement lorsque la voiture était soumise aux conditions spécifiques des tests de l’administration américaine qui sont prévisibles.

Lire aussi : Scandale Volkswagen : comment un logiciel a-t-il pu tromper les tests antipollution ?

Ce procédé soulève de nombreuses questions éthiques, alors que de plus en plus de véhicules grand public embarquent des logiciels sophistiqués. Ce type de fraude n’aurait, en réalité, pas pu être détecté par un contrôle classique, le fonctionnement des programmes équipant les voitures relevant du secret industriel.

 

Lire aussi : Volkswagen : les défis des pouvoirs publics à l’ère des algorithmes

 

5. Quelles sont les conséquences pour le groupe ?

Quelques jours après que Volkswagen a reconnu la fraude, son patron, Martin Winterkorn, a annoncé sa démission, mercredi 23 septembre. A la tête de l’entreprise depuis 2007, il a été remplacé, vendredi 25 septembre, par Matthias Müller, 62 ans, le patron des voitures sportives Porsche.

 

Lire aussi : Le PDG de Volkswagen contraint à la démission

 

L’entreprise a perdu plus de 35 % de sa capitalisation boursière entre le lundi 21 et mardi 23 septembre. Ce scandale survient alors que groupe fait face à de sérieuses difficultés. En huit ans, le mastodonte allemand était certes parvenu à multiplier par deux le nombre de voitures vendues, le chiffre d’affaires, le nombre de salariés et le nombre d’usines, se hissant en juillet 2015 au rang de premier constructeur mondial, devant le japonais Toyota. Mais cette expansion rapide l’a également exposé : selon les marques, la marge du constructeur pouvait être très faible, notamment en ce qui concerne les Volkswagen.

Le marché chinois, qui portait jusqu’alors le constructeur, commence à montrer des signes d’essoufflement. Au point que le total des ventes du groupe, au niveau mondial, est en repli. Outre l’importante amende qui pèse sur le groupe, la fraude risque de sérieusement compromettre le plan stratégique qui était en préparation.

Lire aussi : Le PDG de Volkswagen quitte un groupe confronté à de sérieux défis

 

6. En France, l’avenir du diesel est-il remis en question ?

Les révélations sur les fraudes aux normes antipollution orchestrées par Volkswagen sur ses voitures diesel relancent les questions sur la dangerosité de ce carburant, pourtant très utilisé en Europe, particulièrement en France.

 

Lire aussi : La France, toujours amoureuse du diesel

 

Depuis le scandale Volkwagen, les constructeurs français, grands promoteurs du diesel, font profil bas. Le 25 septembre, la ministre de l’écologie, Ségolène Royal, a annoncé que des contrôles aléatoires avaient commencé sur des véhicules tirés au sort, pour « faire toute la clarté sur l’absence de fraude ». Selon un cabinet d’experts, un million de voitures Volkswagen pourraient être concernées en France. « C’est possible, c’est pour cela qu’il faut vérifier les choses », a déclaré la ministre.

 

Lire aussi : Volkswagen : Royal annonce des tests aléatoires dès « la semaine prochaine »



26/09/2015
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