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Jeunes de France, révoltez-vous !

Les Echos.fr

 

Le 18-10-2015

Politique Internationale

 

Par Adrien Rivierre, Vice-Président de la Fédération Francophone de Débat

 

Plutôt que de « se barrer », comme le journal « Libération » appelait à le faire en 2012, la jeunesse de France devrait réformer le système de l'intérieur. Pour cela, elle peut s'inspirer des révolutionnaires de 1789.

 

« Jeunes de France, votre salut est ailleurs : barrez-vous ! », lançaient en 2012 Félix Marquardt, fondateur des Dîners de l'Atlantique, le rappeur Mokless et le journaliste Mouloud Achour, dans une tribune mémorable publiée dans le journal « Libération »

Aujourd’hui, le déclinisme gagne du terrain et la morosité est devenue un symbole du « Made in France ». Les auteurs exhortaient la jeune génération à fuir le pays et reprenaient pour cela la rhétorique révolutionnaire française : «  vous vivez dans une gérontocratie, ultra centralisée et sclérosée », «  le roi est nu » ou encore «  vos aînés ont connu un âge d’or ».

Pas faux… mais incomplet ! La Révolution de 1789 c’est avant tout la fin d’un système monarchique à bout de souffle et miné par les privilèges aristocratiques, le soulèvement inédit de la bourgeoisie enrichie et surtout la proclamation des Droits de l’homme et du citoyen. Époque différente, mais problématiques similaires pour nous, jeunes de France…

 

En 2015 comme en 1789

Totalement déconnectée de nos préoccupations, la classe politique française ignore tout de la jeune génération qui en retour ne croit guère en l’action publique. Le schisme se creuse davantage à l’évocation d’un entre-soi élitiste qui exacerbe le conflit de valeurs entre les privilégiés et les jeunes défenseurs de la collaboration et du partage. Qui plus est, la Révolution de 1789 éclate dans un contexte économique désastreux : effondrement du pouvoir d’achat des agriculteurs, récoltes exécrables et inégalités criantes.

Rien n'a beaucoup changé : la croissance économique est atone , le taux de chômage bat des records et le gouffre de la dette publique continue de se creuser . Face à ces défis, nos ancêtres se sont-ils barrés ? Pas vraiment. Le 4 août 1789, l’Assemblée constituante met fin aux privilèges du système féodal. Aujourd’hui, cette remise en cause, moins violente, passe par la défense d’aspirations personnelles et professionnelles nouvelles : importance d’une vie équilibrée, créativité, quête de sens…

 

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Comme à l’époque révolutionnaire, les principaux opposants, qui contestent frontalement ou de l’intérieur le système, ne sont pas les plus démunis, mais les nouveaux enrichis qui aspirent désormais au pouvoir. Dans notre société essentiellement mue par des dynamiques économiques, les empêcheurs de tourner en rond sont les entrepreneurs. Ils souhaitent s’enrichir, mais aussi et surtout changer le monde. Par leurs actions, ils réclament avec insistance une refonte radicale de la classe politique ou mieux, ils l’ignorent pour mieux montrer son inutilité.

Dès lors, la fin poursuivie est identique à celle de 1789 : instaurer un régime plus démocratique où chacun a le droit de s’exprimer. Face à ce défi, nos ancêtres se sont-ils barrés ? Pas vraiment. Ils ont fait front et ont défendu leurs convictions malgré la peur et la terreur. Les jeunes de France ne font pas autre chose. Plus elle se rassemble au sein de nouveaux collectifs apolitiques, plus elle crée des entreprises sans rien attendre de l’État, plus elle rappelle à la classe politique un chant dont la mise en application semble dépassée, mais dont les mots ne peuvent être oubliés :

" Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Les aristocrates à la lanterne ;
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Les aristocrates on les pendra."

 

Les jeunes en phase avec les valeurs républicaines

Enfin, la Révolution française marque le triomphe de nos trois valeurs fondamentales : liberté, égalité, fraternité. Accompagnée de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, cette devise suffit à prouver l’immensité historique de la France tant sa puissance inspiratrice fut exceptionnelle. La jeune génération demande-t-elle plus que cela ? Une liberté de parole et d’entreprendre ici comme ailleurs, car elle sait que la grandeur de la France n’a pas de frontières. Les plus belles pages de l’Histoire de France ne sont-elles pas celles où notre rayonnement, symbole de notre puissance, était au firmament ?

Une égalité des chances à l’école comme en entreprise. La nouvelle vague des entrepreneurs sociaux se bat pour défendre l’égalité au travers d’actions innovantes comme les plateformes de financements participatifs. Une fraternité qui dépasse la question de se « barrer » ou non. 40 000 Français travaillent aujourd’hui à la Silicon Valley et la France peut en être fière. La France entreprend comme le prouvent les succès de BlaBlaCar ou Criteo. La France est à la pointe de l’économie technologique avec l’installation de centres de recherche d’excellence (Facebook, Samsung…). La France est une terre d’accueil fraternel. Construire sur ces nombreux atouts c’est espérer redistribuer rapidement les bienfaits générés au plus grand nombre.

Nos ancêtres se sont-ils barrés, fuyant leurs responsabilités ? Pas vraiment. Inviter la jeune génération à quitter la France, c’est jouir du droit d’être Français sans en supporter les devoirs. Notre devoir, comme en 1789, c’est de reconnaître avec humilité que notre système ne fonctionne plus et de tout faire pour le changer. La quête d’une renaissance de la France sera longue et douloureuse, mais il faut croire au jour où Libération titrera : «  Jeunes de France, soyez entrepreneur de vos vies, révoltez-vous ! »

 

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22/10/2015
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