La négociation sur les retraites complémentaires est mal engagée
La-croix.com
Le 16-10-2015
Economie Internationale
Par Nathalie Birchem
La négociation pour renflouer les caisses de l’Agirc-Arrco est censée se terminer ce vendredi 16 octobre. Mais un accord semble mal parti.
Officiellement, c’est ce vendredi que doit se tenir la dernière séance de négociation sur les retraites complémentaires. Mais huit mois après le début des discussions, syndicats et patronat, qui gèrent ces régimes, semblent encore très loin d’un accord pour renflouer les caisses de l’Agirc (cadres) et de l’Arrco (tous les salariés du privé).
3 milliards de déficit cumulés en 2014
Avec la crise économique et le papy-boom, l’Agirc et l’Arrco ont vu leurs déficits cumulés se creuser à plus de 3 milliards d’euros en 2014. Jusqu’ici, ils les épongeaient en puisant dans les réserves accumulées jusqu’à alors. Mais ces réserves seront épuisées d’ici à 2018 pour l’Agirc, à 2027 pour l’Arrco.
Or, contrairement aux régimes de base, qui peuvent bénéficier de la garantie de l’État, les complémentaires ne pourraient pas emprunter à si bas coûts. Les partenaires sociaux ont donc convenu de ne pas s’autoriser de déficit.
En 2013, déjà, ils s’étaient entendus sur des décisions douloureuses, en prévoyant notamment de sous-revaloriser les pensions par rapport à l’inflation, piste qui avait ensuite inspiré le gouvernement dans sa recherche d’économies pour les régimes de base. Mais cette fois, la perspective d’un accord semble faible tant les positions restent éloignées.
Patronat et syndicats en désaccord
Pour le patronat, la seule solution consiste à pousser les salariés à travailler jusqu’à 64 ans grâce à une sorte de bonus-malus appliqué dès 2019 : selon la dernière copie du Medef, un salarié partant à 62 ans subirait une décote de 25 %, à 63 ans de 15 % ; à 64 ans il aurait une retraite à taux plein ; à 65 ans, il aurait une bonification de 15 %, et à 66 ans de 25 %.
La CFTC et la CFE-CGC ne refusent pas le principe de la décote, mais ils ne sont « pas d’accord avec le montant », rappelle Philippe Louis, le numéro un de la CFTC, qui accepterait 5 % la première année, puis 4 %.
En revanche, la CGT et FO ne veulent pas entendre parler de cette décote, qui amputerait sérieusement les pensions de tous les salariés qui partiraient avant 64 ans.
> Lire aussi : La décote, ou comment repousser l’âge de la retraite sans le dire
La CFDT, elle aussi, est contre le principe car ce serait « une façon de reculer l’âge légal sans le dire or nous considérons que d’une part ce n’est pas le bon outil et d’autre part que ce n’est pas aux partenaires sociaux de montrer le mauvais exemple au gouvernement », explique Jean-Louis Malys, le négociateur retraites. Toutefois la CFDT plaide pour mettre à contribution les retraités autrement, via une « contribution de solidarité intergénérationnelle », qui consiste à prélever 4 % de la pension complémentaire de tous les retraités pendant deux ans.
Surtout, les syndicats, qui, mis à part la CGT, accepteraient de prolonger la sous-indexation des retraites, estiment que si effort il y a, les employeurs doivent prendre leur part. Ils demandent donc une augmentation des cotisations patronales. Ce que refuse le Medef.
Quatre scénarios possibles
Que peut-il donc se passer ? Quatre scénarios sont possibles.
D’abord, celui d’un accord vendredi. Hypothèse peu probable puisque la CFDT a redit fermement qu’elle s’opposerait à tout abattement, qui demeure, jusqu’à preuve du contraire, l’outil phare du patronat, qui va toutefois présenter de nouvelles propositions vendredi matin.
Deuxième scénario : celui d’un échec acté dès vendredi, qui obligerait le gouvernement à reprendre la main. Mais les partenaires sociaux feront vraisemblablement tout pour ne pas faire ce cadeau aux détracteurs du paritarisme.
L’hypothèse d’une prolongation de la négociation, qui, à la différence des négociations Unedic, n’est pas soumise à une date butoir technique, est donc possible. Tout comme celle d’un accord a minima se contentant de « mesures paramétriques »… en attendant que le gouvernement décide de mesures pour tous les régimes… comme l’augmentation de l’âge légal promis par la droite.
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