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Quotas, frontières, Schengen… : l’Europe cherche une réponse commune à la crise

Le monde.fr

 

Le 14.09.2015

Politique Internationale

  

Par Le Monde.fr avec AFP, AP et Reuters

 

L’Allemagne, débordée par un afflux de réfugiés, a décidé de réintroduire « provisoirement » des contrôles à ses frontières avec l’Autriche. Berlin, qui attend près de 800 000 demandeurs d’asile en 2015, dit être arrivé aux limites de ses capacités d’accueil.

Selon la Commission européenne, cette décision de l’Allemagne est la preuve qu’il est plus que jamais « urgent » pour les vingt-huit pays membres de l’Union européenne (UE) de se mettre d’accord sur un mécanisme de répartition des réfugiés.

Prise à la veille de la réunion extraordinaire des ministres de l’intérieur, lundi 14 septembre, à Bruxelles, la décision allemande accroît la pression sur les premiers pays d’accueil des réfugiés (Grèce, Hongrie, Italie…), souvent accusés, à des degrés divers, de ne pas remplir leurs obligations en matière de contrôle et d’enregistrement des migrants. Sera également examinée la proposition de la Commission de répartir de manière contraignante les 160 000 demandeurs d’asile, sur les 500 000 personnes entrées sur le sol européen en 2015. Plusieurs pays d’Europe de l’Est rejettent fermement cette idée.

 

Lire nos explications : Crise des réfugiés : pourquoi un accord européen est très improbable lundi

 

Après avoir remis en cause, au moins temporairement, la libre circulation dans l’espace Schengen, Berlin entend en revenir à une stricte application des règles européennes : les demandes d’asile doivent être déposées dans le premier pays d’entrée dans l’UE.

L’Allemagne, économie la plus riche d’Europe, est l’une des destinations les plus prisées des migrants qui, de Grèce, traversent les Balkans puis la Hongrie et l’Autriche pour rejoindre son territoire. Depuis le 31 août, 63 000 réfugiés sont arrivés à Munich, et, de l’avis de l’administrateur bavarois Christoph Hillenbrand, la ville ne pourra pas indéfiniment faire face à un tel afflux.

 

Lire nos explications : L’Allemagne bouscule les règles de l’espace Schengen

 

  • La France,      comme l’Allemagne, veut que « l’Europe puisse faire respecter ses frontières »

Confirmant que l’Allemagne et la France parleraient d’une même voix, François Hollande a annoncé que les deux pays seraient « extrêmement pressants » pour la mise en place de centres de contrôle aux lisières de l’UE afin que « l’Europe puisse faire respecter ses frontières » :

« C’est la condition pour que les réfugiés puissent être accueillis dignement et de manière maîtrisée. (...) Concrètement, cela veut dire des centres d’enregistrement en Grèce, en Italie, en Hongrie, pour éviter ce qui se produit aujourd’hui. »

Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a promis un « respect scrupuleux » des dispositions de Dublin, qui prévoient qu’un demandeur d’asile dans l’UE dépose sa demande dans le pays par lequel il y est entré. Paris et Berlin appuient aussi le système de répartition obligatoire préconisé par la Commission.

Celui-ci place l’Allemagne en première place (26,2 %, avec 31 443 réfugiés), suivie de la France (20 %, 24 031) et de l’Espagne (12,4 %, 14 931). Le gouvernement espagnol a fait savoir qu’il acceptait le quota de migrants proposé par la Commission européenne, disant « assumer ce chiffre ».

 

Migrants : les quotas proposés par la Commission européenne, disant « assumer ce chiffre ».

 

 

  • La Pologne      change de ligne

La Pologne, par la voix de son secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Rafal Trzaskowski, s’est finalement dite prête à accepter davantage de migrants que les 2 000 prévus. La première ministre, Ewa Kopacz, a indiqué que, « compte tenu de l’ampleur de la catastrophe humanitaire », son gouvernement pourrait négocier un accueil, mais réclame que plusieurs conditions soient remplies avant cela, dont le renforcement de la sécurité des frontières extérieures de l’UE.

 

Le premier ministre tchèque, Bohuslav Sobotka, et le ministre de l’intérieur slovaque, Robert Kalinak, ont averti que leurs pays mettraient leur veto à la mise en place de quotas obligatoires de migrants. La Grande-Bretagne s’est engagée à accueillir 20 000 réfugiés en cinq ans, mais elle ne veut pas non plus entendre parler de quotas.

Sur la même ligne, la Hongrie, où plus de 5 000 migrants sont entrés dans la seule journée du 13 septembre, avait fait savoir à ses partenaires qu’elle refusait d’être bénéficiaire du plan de la Commission. Budapest réfute également l’idée d’un mécanisme solidaire et permanent, et ne veut pas des centres européens d’accueil et d’hébergement (« hot spots »), censés aider un Etat membre à examiner rapidement les demandes d’asile et à « relocaliser » les personnes ayant besoin d’une protection.

La Roumanie a rallié le groupe des opposants, se justifiant par l’hostilité de son opinion publique. Invitées à accepter 4 646 personnes, les autorités invoquent leur capacité d’accueil limitée – 1 500 places dans six centres d’asile.

 

Lire notre reportage : Migrants : la solidarité hongroise occultée par l’« approche hostile » du gouvernement

 

Consulter notre carte sur les positions des pays européens

 

 

                     



14/09/2015
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