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Tête froide

LeTemps.ch

 

lundi 31 août 2015

Politique internationale

 

Valérie de Graffenried

 

Editorial

 

L’asile, thème électoral par excellence, aspirateur à électeurs, doit retrouver sa juste place dans la campagne fédérale. Parler de «chaos de l’asile» relève ainsi de l’indécence. Si la Suisse n’est ni le pays le plus «généreux», ni le plus «attractif», elle ne reste pas non plus les bras croisés.

 

Des centaines de migrants qui rampent sous des barbelés à la frontière serbo-hongroise. L’annonce, terrible, de la découverte de 71 corps asphyxiés dans un camion en Autriche et des naufrages toujours plus nombreux en Méditerranée. Parler, alors que tout le monde a ces images en tête, de «chaos de l’asile» en Suisse, comme le fait régulièrement l’UDC, relève de l’indécence. Même le ministre de la Défense, Ueli Maurer, a fini par concéder, dans nos colonnes, qu’il n’y en avait pas.

La Suisse subit une hausse des demandes d’asile de 20%, si l’on compare les sept premiers mois de l’année à la même période en 2014. Cette augmentation implique des difficultés, notamment pour trouver des places d’hébergement dans les cantons. Mais la Suisse reste moins attractive que beaucoup de pays européens, où l’augmentation atteint 71%. L’Allemagne attend par exemple 800 000 arrivées en 2015, quatre fois plus que pour 2014. Malgré ces prévisions inquiétantes, elle vient d’annoncer qu’elle ne renverrait plus de Syriens vers le premier pays européen dans lequel ils ont été enregistrés, comme le prévoit l’Accord de Dublin. Un geste que ne fait pas Berne.

La Suisse n’est ni le pays le plus «généreux», ni le plus «attractif», des arguments souvent mis en avant pour justifier des tours de vis législatifs. Elle ne reste pas non plus les bras croisés. D’un côté, la grande réforme de la ministre Simonetta Sommaruga devrait permettre d’accélérer les procédures, alors que, de l’autre, la Suisse renoue, timidement, avec sa tradition de l’accueil de contingents de réfugiés déjà présélectionnés par le HCR.

L’asile, thème électoral par excellence, aspirateur à électeurs, doit retrouver sa juste place dans la campagne qui agite la Suisse à la veille du 18 octobre. Sans instrumentalisation malsaine, exagération déplacée, et sans phagocyter des thématiques aussi importantes que la situation économique et l’avenir de nos relations avec l’UE.

Un pas important a été franchi la semaine dernière, avec la décision de créer une task force suisse pour lutter contre les réseaux internationaux de passeurs. Avec l’aide de l’Italie et de l’Allemagne. Plutôt que de brandir des prédictions anxiogènes ou de vouloir fermer les frontières, c’est bien en coopérant avec les pays européens que la Suisse pourra mieux gérer cette situation, exceptionnelle.

 

 

 



01/09/2015
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