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Quand l'unité portait un nom: programme commun.

Libre à gauche

 

Le 3-10-2015

Polémique

 

Par Edmond Thanel

 

Newsletter n° 48

 

                       

 

 

En sociologie, l’unité est un ensemble, un groupe ayant un sentiment d'appartenance permettant de réunir les composants de cet ensemble, et de le définir….les « faiseurs » d’histoire de la Gauche l’avaient bien compris…

Après avoir, la semaine passée, re-visiter les différentes périodes de notre histoire politique où la gauche a trouvé le chemin de l’unité, attachons-nous aujourd’hui à l’histoire du programme commun… mais avant, Il faut bien mesurer ce qu’a pu être le paysage politique de la gauche française, tel qu'il se présente à un militant désireux d’œuvrer à gauche, à la fin des années 1960.

La SFIO de Guy Mollet n'a pas bonne presse dans la jeunesse, le Parti Communiste Français est ébranlé par la contestation « gauchiste » fortement contaminées par les trotskistes; les groupes d’extrême gauche, nés dans la foulée de la grève générale de Mai 68 se complaisent dans ses illusions post-soixante-huitardes. Elle refuse toute concession ou discussion avec les vieux appareils que représentent PCF et SFIO, se coupant progressivement de la réalité sociale.

Pourtant la société espère. Elle se mobilise. L’appel à l’action est réel.

François Mitterrand va alors incarné, en juin 1971 ce que beaucoup parmi les militants espèrent: Un programme commun de la gauche et un Parti Socialiste refondé. Cette aspiration symbolisée par ces mots « Changer la vie », va devenir le titre du programme socialiste.

C’est dans un gymnase de la ville d’Epinay, en 1971 que les socialistes se regroupèrent pour un congrès historique…mais aucun d’eux ne le savaient encore…

Etaient présents entre autres.. Guy Mollet , Alain Savary, Gaston Defferre et Pierre Mendès-France (SFIO) Pierre Mauroy et Gaston Defferre pour une motion commune surnommée « Bouches du Nord » Jean Poperen (gauche du parti) Jean-Pierre Chevènement (CERES)…et puis François Mitterrand avec ses amis de la Convention des Institutions Républicaines (CIR)….  

Quel est le sens politique du congrès d'Epinay ? Il s’agit d’adopter la stratégie d’union de la gauche. Il faut donc un programme. Un programme commun au PCF et au PS.

On le sait, les méfiances à l’égard des communistes sont réelles. On demande des garanties…Par ailleurs, la politique étrangère, pèse sur les débats :  Les événements de Budapest (1956) et la répression du Printemps de Prague (1968) crées des remous même chez les partisans de l’union d’autant que le PCF rechigne à prendre ses distances restant solidaire du grand frère soviétique.

François Mitterrand doit donc défaire les préventions à l’égard des communistes par nécessité politique pour avoir la majorité dans le pays. Pour cela, il s’adjoint l’appui du CERES.

Jean-Luc Mélenchon connaît cette histoire-là. Il sait que l’unité d’action trouve toujours quelque responsable pour la refuser; Il sait que par ailleurs, il y aura toujours des socialistes, souvent majoritaires, pour refuser la division et prôner l’unité d’action, il sait enfin où François Mitterrand va trouvé La ressource et comment garantir l’unité de la famille socialiste….

Lorsque François Mitterrand monte enfin à la tribune, il résume les débats en une phrase « Moi, je suis pour le dialogue et je suis pour l'idéologie, mais je ne suis pas pour le dialogue idéologique. » voici le discours qu’il prononça :http://miroirs.ironie.org/socialisme/www.psinfo.net/entretiens/mitterrand/epinay.html

Le front unique est la clé de la victoire. Il le sait : le chemin de l’Elysée passe par l’alliance avec les communistes. Si l’aspiration est au changement, la révolte de la jeunesse de 1968 est restée sans réponse; l’impératif est d’y répondre au plus vite. Pour accomplir ce dessein,  il a besoin d’un levier qui s'incarne en un mot : unité.

Au dernier jour du congrès, François Mitterrand accède à la tête d’un parti auquel il n’appartenait pas deux jours auparavant. La voix à l’union de la gauche est ouverte…

Peu comprendront, à droite, la portée historique de cet évènement. Pompidou parlera même d’une « anecdote »…pourtant, un an plus tard, en juin 1972, un programme commun de gouvernement est signé devant les caméras par Georges Marchais et François Mitterrand.

Sérieux économiquement, ambitieux socialement, émancipateur sur le plan « sociétal », Le Programme commun est au cœur de tous les débats politiques de l'époque. On le commente, on le discute, on le dispute partout, dans tous les milieux, à tous les niveaux de la société française….même chez certains jeunes Trotskistes qui, las de la contester, vont se plonger dans le mouvement qu’il suscite.

La gauche ne va alors jamais cesser de progresser : 45% aux législatives de 1973, 49,2% aux présidentielles de 1974; En 1977, aux élections municipales, la gauche unie s'empare de la majorité des plus grandes villes de France…puis gagne les cantonales, puis les législatives…François Mitterrand est élu président de la république en 1981. 

La leçon de ces années de marche vers le pouvoir, dans l'unité, par l'unité, pour l'unité, est là, simple et tranquille : c’est en marchant côte à côte que la gauche gagne. 

 



03/10/2015
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